C’est notre conte de Noël, en hommage à Robert « Zétwal » Sainte-Rose. Un texte reçu d’une plume discrète, et pleine d’espoirs. Bonne lecture !
En cette veille de Noël, la cime de nos sapins-métis-filaos se pare de zétwal, fière, brillante. Une zétwal capable de nous emmener si loin, presque sur la lune, la même lune qui, il y a tout juste 40 ans faisait tourner la tête de Robert Saint-Rose.
Star d’une légende merveilleuse empreinte de magie, de folie et de poésie césairienne, Zétwal me fait rêver.
Cet homme, Robert Saint-Rose, surnommé Zétwal, convaincu que les mots de son bien –Aimé Césaire permettraient à ses pieds martiniquais de fouler la surface de la lune à bord de son diamant spatial, est l’incarnation de nos projections.
S’échapper de notre insularité par la puissance du verbe et par la force de la pensée telles des incantations divinatoires pour quitter terre, se fondre dans le Tout-Monde et y trouver la sève de l’humanisme: le voilà mon rêve de jeune martiniquaise du XXIème siècle.
Zétwal avait compris. Il avait saisi, avant tous, la connexion indicible qui lie en courant continu l’émotion que procure la pensée et l’énergie qu’elle est capable de générer.
Oui, Zétwal, ce génie des seventies, avait compris. Césaire et ses poésies seraient son carburant, l’énergie motrice qui déplacerait les foules, les pensées, les fusées…
Et c’’est son dénouement qui donnera à la légende rurale de zétwal ses lettres d’or: Ses longues heures de prières de Retour au Pays natal auraient servi de rampes de lancement à zétwal, disparu, son engin et lui, sans la moindre trace susceptible d’entâcher l’énigme de sa destinée.
Zétwal a filé et retisse ma conviction profonde que nos émotions, nos énergies, nos forces mentales sont les éoliennes, les panneaux solaires, l’hydraulique de demain et du jour d’après.
Mon « I have a dream » est celui d’une expérimentation d’avant-garde qui pousserait les Hommes à placer des capteurs XXL destinés à recueillir l’énergie humaine qui se diffuse à profusion dans les lieux d’exaltation de nos émotions. Alors les aéroports, les ports, les gares, points de concentration des joies de retrouvailles, des tristesses de séparations, d’impatiences d’arrivées, se convertiraient en prodigieuses usines à énergies chargées d’alimenter des foyers, des villes…des fusées en décollage pour la lune…
Toucher l’horizon lunaire, s’extraire de notre petit insulaire pour atteindre l’infiniment grand spatial, plein de promesses et espoirs à des années-lumière d’un bashing system sclérosant et d’un monde qui a perdu la force de se ré-inventer. Ce même triste Monde-Terre-à-terre, avide de maîtrise sur toute chose jusque sur l’avenir où on n’y parle plus de roman de science-fiction mais de roman d’anticipation… Pourtant, ne dit-on pas que le potentiel de progrès d’un peuple se mesure à sa capacité à se projeter et pourquoi pas vers la lune ?
Zétwal lui, a accompli sa mission : nous permettre le temps d’une veille de Noël de ré-inventer notre imaginaire, la tête dans les zétwal et les pieds sur la lune.
A Robert Saint-Rose, une légende pour construire notre avenir.
Zamba Compère
« La difficulté qu’éprouvent les hommes à agir et à penser leur état social en tant qu’état quelconque parmi d’autres, soleil d’une galaxie formée d’un grand nombre de soleils, et à vivre cet état social objectivement quelconque comme leur état propre, est au cœur du mouvement qui se poursuit depuis des millénaires. On a tenté de la résoudre — les religions, les théories sociologiques, les idéologies laissant espérer la fin de l’histoire l’attestent — en adoptant l’idéal d’une sortie de la nature. On pouvait ainsi isoler une de ses dimensions et lui accorder un statut de faveur, en la soustrayant aux transformations imposées par la relation avec le monde matériel et biologique : face à la société active et vive, la nature était décrétée passive et morte. En mettant l’espoir de son devenir dans la négation de son lien à la nature, la société estompe son propre rôle dans la création de l’ordre naturel sous-jacent, et voit diminuer l’influence de celui-ci sur sa propre constitution. Elle ne conçoit plus que des rapports de violence et d’exploitation, son intervention raisonnée servant à limiter prétendument l’empire du désordre ; elle justifie sa pratique de l’exploitation et de la violence en la magnifiant en conquête du monde extérieur. »
« Inconstantes, les foules sont également crédules. Comment ne le seraient-elles pas ? Elles ne savent pas tirer la leçon d’une expérience. Vivant dans l’imaginaire, obnubilées par les images et les illusions emmagasinées dans l’inconscient, les foules sont prêtes à avaler tout ce qu’on leur affirme et à agir en conséquence.
Réalités et expériences sont sans effet sur elles. On peut faire tout admettre à la multitude. Rien n’est impossible à ses yeux.
Elle ne distingue pas entre son rêve et la réalité, entre l’utopie et la science. Elle ne perçoit pas l’obstacle qui barre le chemin à ses désirs ! Elle ne comprend pas non plus les paroles destinées à la réveiller, à la faire renoncer à ce qu’elle réclame.
Plongée dans son sommeil hypnotique, non seulement on peut tout lui faire admettre, il faut aussi tout lui promettre, car c’est le seul langage qui la frappe et lui parvienne. La recette est claire : « Si une foule demande la lune, il faut la lui promettre »