Tribune – Eric Nouvel, président commission Emploi, Formation et Dialogue social CGPME - Tapez « population Martinique 2040 » sur un moteur de recherche et vous trouverez :
1) Insee n°72, Janvier 2011 (p3) : « Quelque soit le scénario retenu, la population de la Martinique serait de 396.000 à 452.000 habitants en 2040 ».
2) AFD-CCIM, Novembre 2013, Vieillissement démographique en Martinique, quels impacts socio-économiques (p2) : « Une quasi-stagnation de la population totale +0.2% /an seulement de croissance d’ici à 2040 »
3) INED-Européan union, (2012 ?), Les tendances démographiques et migratoires Rapport Martinique: quel impact sur la cohésion démographique, sociale et territoriale, (p84) ; « en 2015 409.369 habitants et en 2030 = 422 768 habitants »
Toutes ces études se basent sur la projection INSEE, c’est-à-dire une croissance annuelle de 0,3% jusqu’en 2020 et 0,2% ensuite.
Puis par curiosité, tapez « population Martinique 2014 » et vous trouverez en 1er le chiffre de l’INSEE « 381 326 habitants ».
Cherchez l’erreur !!!
En regardant plus en avant vous verrez que ce différentiel de 28.000 habitants en moins entre le prévu et le réel (409.000 – 381.000) s’explique par une inflexion du taux de croissance de la population depuis 2008 et que cette tendance s’est accélérée depuis ces 3 dernières années avec une perte de 3.500 habitants/an !!!
La seule poursuite d’une tendance à -0.8% donnerait en 2020, c’est-à-dire demain à l’échelle des politiques publiques, une population de 363.000 habitants, soit -60.000 habitants par rapport aux documents précités !!
Comment un chef d’entreprise peut-il bâtir ses propres prévisions si une telle inflexion n’apparaît clairement nulle part ? Comment se préparer par rapport à un tel choc déjà en cours ?
C’est pourquoi la CGPME Martinique au travers de sa commission Emploi, Formation et Dialogue social a décidé de s’emparer de cette problématique pour non seulement disposer de données fiables, mais surtout pour en analyser les conséquences et proposer des actions pour en limiter l’incidence.
Nous avons pour cela sollicité différents partenaires : INSEE bien sûr, mais aussi l’IMSEPP, la DIECCTE, la CCIM… afin de nous accompagner dans cette démarche.
Les bonnes volontés sont les bienvenues et peuvent contacter le Président de la commission, Eric Nouvel (photo) par mail en@imfs.fr ou au 0696 45 64 42, ou secretariat@cgpme-martinique.fr 0596 70 05 72
Eléments complémentaires :
- de 20 ans en 2006 : 114.809 , en 2014 : 93.341 soit -18,18%
de 20 à 39 ans en 2006 : 99.421, en 2014 : 75.985 soit -23,57%
Pour ces 2 classes d’âge = – 44.304 habitants
La Martinique viellit bien sûr mais perd surtout sa « jeunesse » avant tout pour un déficit profond entre départ (par exemple pour les études) et retour (pour travailler au pays). Cela est d’autant plus vrai pour les plus qualifiés.
Le défi est donc d’inverser cette tendance en leur offrant des perspectives et c’est d’autant plus pour cela que toutes les bonnes volontés sont les bienvenues pour proposer collectivement des actions et des actes concrets.
Apparemment il y a un conflit de spécialistes. Avec les 11 000 départs des 3 dernières années, le rythme annuel des départs du Bumidom serait-il donc dépassé. Cela permet d’alléger la liste des abonnés du Pôle Emploi et diminuer nombre de conducteurs d’automobiles ? Si mécaniquement le chômage baisse, pourquoi le nombre des sans-emplois augmente-t-il ? Est-ce dû à l’accélération des disparitions des entreprises ?
Ce n’est pas un conflit de spécialistes, mais seulement un fait.
La prévision de l’INSEE de 2011 ne s’est pas concrétisée et doit aujourd’hui être révisée.
Un des enjeux mmajeurs est que les postes libérés puissent être occupés par les jeunes ou moins jeunes qui restent.
Malheureusement rien n’est moins sûr car ce sont souvent les moins qualifiés, les plus éloignés de l’emploi qui restent.
D’où les actions à mener, notamment de formation professionnelle mais aussi de sas pour les rapprocher de l’emploi.
Par ailleurs la perte de milliers d’habitants c’est aussi de la perte de chiffres d’affaire en puissance.
C’est bien parce que l’enjeu est d’importance et que les TPE-PME ont un urgent besoin de lisibilité que la CGPME a pris à bras le corps ce dossier.
A nous collectivement de relever ce défi immense.
Nous rencontrerons les différentes têtes de liste pour savoir quelles visions ils ont de la Martinique de demain et quelles actions leurs programmes prévoient pour participer à l’inversion de cette tendance critique.
La réponse ne peut être que d’une cohérence globale permettant de restaurer la confiance, celle des entreprises, celle des jeunes.
Le secteur public le plus gros fournisseur d’emplois à la Martinique.
Départ anticipé à la retraite quelque soit le nombre d’années travaillées.
Renouvellement par la tranche d’age 20 -39 ans ( qui financeront la retraite de leur prédécesseurs )
Une partie des postes publics libérés par les départs à la retraite ne seront pas remplacés car la crise des finances publiques est bien là et que la chute prévisible de la collecte d’octroi de mer du fait d’une base de consommateur amutée de 40.000 habitants ne fera qu’accentuer le phénomène.
L’emploi public en Martinique représente déjà plus de 40% des emplois totaux.
Seul l’emploi privé peut assurer un avenir à nos enfants, et c’est pourquoi la CGPME prend ce dossier à bras le corps, d’autant plus que les TPE-PME ne sont souvent présentes qu’en Martinique, à la différence des grands groupes qui trouvent des relais de croissance ailleurs.
L’enjeu et les défis sont immenses, d’où notre appel à toutes les bonnes volontés pour réfléchir et proposer les actions nécessaires.
Le contexte des élections pour la collectivité unique devrait être favorable à une réflexion approfondie.
C’est en tout cas ce à quoi s’engage la CGPME Martinique
Monsieur NOUVEL, vous avez raison sur le constat et sur les « bizzareies » des calculs et prévisions de l’INSEE. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce retournement de tendance démographique n’est ni une surprise, ni le fait du hasard. Nous autres guadeloupéens en subiront bientôt les effets.
Il me semble même qu’il y a chez vous en Martinique au moins 1 personne qui en parle depuis déjà un certain temps et qu’il existe aussi chez vous de surcroît un organisme qui l’explique et qui le projette avec l’analyse de ses conséquences sur le plan social et économique. Vous suivez mon regard ?
Mais qui, aux Antilles, a envie d’entendre une voix qui ne vienne pas d’ailleurs ?
Peut-être que votre démarche permettra de faire tomber les visières, c’est tout le mal que je vous souhaite.
Alain TESTE
Centre d’Etudes Sociales et Démographiques (Guadeloupe)
S’il s’agit, comme je le pense, de Georges Para et de l’IMSEPP, nous échangeons aussi avec lui et il a bien volontiers accepter de travailler avec nous.
Nous espérons que l’INSEE en fera de même afin, à minima, d’être d’accord sur les faits, voir sur les prévisions, même si chacun reste libre de ses analyses.
Votre réponse m’a amené à regarder si le même écart prévision/réalité existait pour la Guadeloupe. Sur la même base (Etude INSEE publiée en Janvier 2011), cet écart ne se retrouve pas, la prévision étant conforme à la réalité : stagnation de la population à 403.000 habitants.
Cela s’explique notamment parce que la Guadeloupe perd moins des moins de 40 ans = -32.000 contre -44.000 pour la Martinique.
Cela participera de nos analyses pour comprendre les causes de cette hémorragie de notre jeunesse, et donc pour participer à proposer des actions pour inverser la tendance.