Tribune – Olivier Jean-Marie | Un processus participatif sincère et transparent pour doter la Martinique d’un drapeau
La question du drapeau de la Martinique surgit régulièrement dans le débat public lors de compétitions sportives internationales dans lesquelles des équipes ou des représentants martiniquais sont engagés.
Le drapeau orné de quatre serpents, bien que n’ayant aujourd’hui aucun caractère officiel en Martinique continue d’être choisi par certains martiniquais comme emblème de la communauté martiniquaise. Il s’agit à l’origine du pavillon de la marine marchande adopté par une ordonnance du 4 août 1766. Son utilisation est controversée en raison de son origine historique car ce pavillon flottait sur les navires pratiquant la traite négrière.
Depuis les années 1960 la question du drapeau martiniquais a fait l’objet de nouvelles réflexions. Ces réflexions ont abouti à la création d’un drapeau rouge vert noir. Certains attribuent la paternité de ce drapeau à Victor LESSORT, membre de l’OJAM qui l’aurait dessiné dans la prison de Fresnes en juillet 1963 en attendant le procès de l’OJAM. D’autres attribuent la création de ce drapeau à Guy CABORT-MASSON et à Alex FERDINAND en 1968.
À partir des années 1990, la plupart des mouvements indépendantistes ont adopté les trois couleurs avec la configuration actuelle. Le MODEMAS, plus précisément son leader Garcin MALSA, le fait hisser au carrefour Poirier (Sainte-Anne) en 1994 et le fait flotter sur le fronton de la mairie de Sainte-Anne en 1995.
Ce drapeau rouge vert noir est régulièrement déployé lors d’obsèques de personnalités (Marcel MANVILLE en 1998, Guy CABORT-MASSON en 2002, Aimé CESAIRE en 2008), lors du Konwa pou réparasyon depuis 2001, à la mairie du Prêcheur depuis 2008 et lors de la grève de février 2009.
Selon certaines sources, les trois couleurs rouge vert noir seraient apparues dès 1665, lors de révoltes d’esclaves menées par Francis Fabulé un Noir marron qui aurait combattu avec les Caraïbes contre les colons français. Elles auraient été reprises en 1801 lors d’une révolte d’esclaves au Carbet et en 1870, lors de la Grande insurrection du Sud.
Bien que des divergences existent sur la signification des couleurs, ce drapeau rouge vert noir est pour une partie des militants nationalistes martiniquais un symbole identitaire puisant ses sources dans un passé de résistance contre la domination coloniale.
2. Un processus participatif pour asseoir la légitimité et l’adhésion au drapeau rouge vert noir
Ce drapeau rouge vert noir a donc une histoire et une signification pour ses partisans. Dans un projet de création d’un drapeau symbolisant la communauté martiniquaise ces éléments doivent être pris en considération.
Cependant ce drapeau rouge vert noir doit gagner sa légitimité en recevant le consentement des citoyens martiniquais.
C’est pour cela que je propose que nous organisions dans le cadre d’un dispositif sincère et transparent une consultation des citoyens martiniquais afin de dessiner le drapeau qui symbolisera notre communauté martiniquaise. Cet emblème prendra en considération la réflexion et le courage de nos aînés et s’enrichira de notre énergie et de notre vision d’aujourd’hui.
Nous pourrions confier cette opération à la Collectivité Territoriale de Martinique. Voici le phasage d’une proposition (une contribution parmi plusieurs possibles) de mise en place d’un processus participatif sincère et transparent.
Dans un premier temps, La Collectivité Territoriale de Martinique lance un appel à projet via son site internet. Chaque Martiniquais peut alors soumettre son propre design en ligne.
Parallèlement aux propositions des citoyens, un comité citoyen est créé afin de faire une sélection des drapeaux proposés par les citoyens. Constitué par tirage au sort, ce comité est un échantillon représentatif de la société martiniquaise (Catégories Socio-professionnelles, âges, sexes, géographie, …) dont l’effectif est à fixer.
Ce comité citoyen est soutenu par un comité technique composé de designers, de vexillologues (spécialistes des drapeaux), d’experts culturels qui vérifient que les propositions sélectionnées réunissent les caractéristiques attendues d’un drapeau.
Dans un deuxième temps, le comité citoyen, encadré par le comité technique, choisit une liste de 10 drapeaux sélectionnés parmi les milliers de propositions reçues. Les citoyens martiniquais sont alors consultés une première fois selon les modalités du jugement majoritaire pour classer ces 10 propositions. Les citoyens attribuent à chaque drapeau une mention «Très bien», «Bien», «Assez bien», «Passable», «Insuffisant» ou «A Rejeter». Le drapeau retenu est celui qui obtient la meilleure mention soutenue par une majorité.
Enfin, les citoyens sont à nouveau consultés pour choisir entre le drapeau issu de la consultation et le drapeau historique rouge vert noir toujours selon les modalités du jugement majoritaire.
Voilà donc une proposition qui permettrait de doter notre communauté d’un symbole fort et légitime permettant d’exprimer, avec d’autres symboles à construire, notre existence propre à un monde complexe.
Schoelcher, le 28 juin 2017
Olivier Ernest JEAN-MARIE
Citoyen Martiniquais
Un peu d’histoire : le premier vrai militant nationaliste dont le cercueil fut recouvert du drapeau ROUGE VERT NOIR fut Jean Claude LAURÉAT décédé le 15 juillet 1981, il y aura 36 ans bientôt. Un article paru dans le journal ANTILLA, article remis à George DRU par un membre de sa famille.
Mr DRU n’a pas attendu un incident aux USA pour parler du drapeau, c’est lui, entre autres, qui en a parlé lors d’un cénacle l’an dernier ; cénacle qui se tient lors du festival de la ville de Fort de France. Il l’a fait à d’autres occasions.
les 3 couleurs c’est la vraie histoire du pays.
Proposer qu’un comité de ceci, de cela se fasse pour désigner un drapeau, c’est à mourir de rire, il faut être très sérieux sur cette question.
Un rappel : le drapeau aux 4 serpents, c’est lui qui flottait à Cuba lors de l’arrivée d’un élu de la ctm dans cette île, les vidéos et photos peuvent le prouver ????!!!!
Des inexactitudes concernant le drapeau rouge vert noir. Mr Lessort ne s’est jamais attribué la paternitê de ce drapeau. Il lui a simplement donné sa forme actuelle.
Le drapeau a été initialement conçu par Guy Cabort Masson.
Un drapeau naît de la confrontation, de la lutte entre des forces opposées en l’occurence ici le drapeau rouge vert noir émerge dans la lutte anticolonialiste. Il a fallu de l’audace pour le légitimer. C’est lá qu’intervient Garcin Malsa qui par délibération de son conseil municipal le fait apposer au fronton de la mairie de Ste-Anne. La ville est attaquée en justice par les services de l’Etat et on lui coupe toutes subventions par la même occasion.
Malsa et son équipe résiste et gagne leur procès en appel. Donc contrairement á ce qui se dit et se répète le rouge vert noir n’est pas illégal. Suite á ce procès gagné en appel, il flottait á côté du drapeau français.
La ville de Ste-Anne a aussi été la 1ère et la seule je crois á prendre des délibérations en créole.
Ce que je reproche au débat actuel c’est l’occultation qui est faite du combat mené par ces vrais militants ( Cabort Masson, Ferdinand, Ojam, Malsa et bien d’autres encore) au péril de leur vie. On ne choisit pas un drapeau comme dans une lotterie.
Il n’est pas vrai que Garcin Malsa ait gagné cette affaire en appel et que la pose du drapeau au fronton de la mairie de Ste Anne soit légale. Il a été débouté à tous les niveaux de la juridiction administrative. Il a simplement fait fi des décisions judiciaires et c’est l’une des raisons qui me conduisent à dire qu’il est sans doute le seul élu martiniquais à avoir commis des actes de nèg mawon. Rappelons qu’il y a 40 ans, après le passage de Giscard d’Estaing, un drapeau martiniquais (je ne sais plus si c’était le même) n’était pas resté plus de 24 heures sur l’hôtel de ville de Fort-de-France.
Ceci dit, je salue comme d’habitude le sens de l’initiative d’Olivier Jean-Marie, mais je crois modérément à cette entreprise, ayant la conviction que le « drapeau de Malsa » (qui a une petite histoire), et pas un autre, sera le jour venu le drapeau de la Martinique. Puisqu’on se chamaille déjà sur l’origine de cet étendard, l’honneur pourrait bien se porter sur celui qui l’a porté, seul, à travers ses procès et ses démonstrations publiques. Sinon, je vois mal un drapeau sortir ex nihilo des ordinateurs ou de la tête des Martiniquais ou même des mains innocentes des écoliers martiniquais. Par ailleurs, c’est loin d’être la première préoccupation de la population.
Précisons que les tenants du drapeau martiniquais ne recherchent pas une couleur régionale mais une reconnaissance nationale.
Tout à fait d’accord avec ylm .Un drapeau doit être charge de symboles historiques demographiques ext…On ne peut pas choisir un drapeau en lançant un appel d’offre a la cantonade C’est parfaitement ridicule.O U est la charge émotionnelle collective ?
Gad-jet !!
JV