Par Edouard Delépine
À propos de la différence entre les revendications présentées par les communistes et les groupes maoïstes d’un côté (35,46 F), les trotskistes du GRS de l’autre (50 F), Édouard de Lépine qui a fourni à madame Mauduesch l’essentiel de sa documentation (3 cartons pleins avec entre autres le tapuscrit de son livre sur Chalvet) apparait pendant une minute ou deux, dans le film réalisé par cette cinéaste sous le titre flamboyant : « Chalvet : La conquête de la dignité ».
Dans ce film qui veut être un documentaire et non une fiction, son principal fournisseur de documents, et probablement d’assez loin, est une sorte d’hurluberlu qu’elle présente avec une revendication de 50 F par jour. Une revendication qui apparait comme un cheveu sur la soupe et d’autant plus démagogique que les travailleurs de la canne avaient déjà obtenu, « sans grève ni violences inutiles » les 35,46F que réclamaient les travailleurs de la banane. Sous la direction, il est vrai, des seuls vrais dirigeants de la lutte dans la vision maudueschienne de Chalvet, les responsables de différents groupes maoïstes.
Que ces « dirigeants » aient été purement et simplement éliminés des négociations qui ont mis fin à la grève qu’ils avaient « dirigée » pendant plus d’un mois, n’interroge pas Camille Mauduesch. Que les patrons, pour achever de ridiculiser les uns et les autres leur accordent non pas les 35,46 F qu’ils réclamaient mais 35,50 F, soit 4 centimes de plus pour tenir compte de la mort des deux travailleurs qui y avaient laissé leur vie, n’interpelle pas Camille Mauduesch. 2 centimes par mort après un mois de grève ! Vraiment peu pour la conquête de la dignité. Non ?
Mais, après tout, pourquoi pas ? Si les héros de la conquête de cette dignité sont les produits de l’imagination vagabonde de madame Mauduesch…
En pièce-jointe, une analyse des événements de Chalvet, dans leur dimension syndicale et économique, issue de l’ouvrage de Edouard Delépine « Chalvet, février 1974″, actuellement sous presse.
Le texte d’Edouard de Lépine, n’explique en rien la grève de janvier-Février 74, ni les évènements de Chalvet!
Qu’il soit mécontent du traitement qu’en a fait Mme Camille MAUDUECH dans le film documentaire « Chalvet, la Conquête de la dignité », c’est son affaire.
Edouard de Lépine,ne fait que régler de vieux comptes idéologiques avec le dirigeants du PCM de l’époque qui l’avaient exclu de leurs rangs pour « trotkysme ».
C’est d’ailleurs, ce qu’il a continuer de faire à la tête du GRS qu’il a créé, jusqu’à son départ vers le PPM d’après mai 1981, devenu « ami et frère » du nouveau pouvoirfrançais !
En 1974,aucun ouvrier agricole de la banane n’a suivi ces « trotkystes » avec leur proposition de 50F par jour !
Au contraire, leurs tracts ont été saisis et déchirés par les ouvriers agricoles de Sainte-Marie, lors d’une distribution qu’ils tentaient de faire à la sortie de la messe, un dimanche pendant la période de la gréve.
La vérité historique est que les ouvriers agricoles, grévistes de 1974, étaient encadrés politiquement, par les militants du GAP (Groupe d’Action Prolétarien)et le GS70 (groupe Septembre 1970) qui assuraient leur formation et leur éducation politique depuis deux années déjà, lorsque la gréve a démarré le 17 janvier 1974 à Vivé au Lorrain.
Ce sont les militants de ces deux organisations qui ont rédigé avec les ouvriers agricoles, la plateforme des 11 points de revendications.
Ce sont, d’ailleurs, ces deux organisations, regroupées avec d’autres, au sein de l’UPSOA (Union Patriotiques de solidarité avec les Ouvriers agricoles) qui ont assuré la soutien des grévistes et de leurs familles pendant de nombreux mois après la tuerie de Chalvet et, ce jusqu’à la création des organisations syndicales patriotiques: l’UGTM et de la CSTM!
Un autre point à préciser, le Comité de Grève des Ouvriers agricoles,créé en dehors de toute structure syndicale existant à l’époque, n’a pu participer aux négociations ouvertes à la Préfecture le 19 février 1974, car l’administration coloniale française avait exigé que ce soit une organisation syndicale reconnue par elle qui signe un éventuel accord.
C’est ainsi que ceux qui avaient réellement menée la lutte n’ont pas été admis autour de la table des négociations.
Les syndicats patriotiques durent mener d’âpres luttes pour être, enfin, reconnus comme « représentatifs » au cours des années 80 !
Mais là…c’est une autre histoire !
Je ne comprends rien à ce texte!!
Pourquoi M.Delépine parle t-il de lui à la troisième personne? Pourquoi a-t-il remis des documents à Mme Mauduesch sans demander à avoir un regard sur ce qu’elle en ferait?
Est-il déçu du film ou du traitement qui a été donné à sa précieuse personne?
Que reproche t-il exactement à la cinéaste : d’avoir tronqué l’affaire et/ou d’avoir menti sur le rôle exact joué par les trotskistes ?
Je n’ai pas encore vu le film (car les deux précédents m’avaient quelque peu dépitée) mais j’aimerais bien comprendre où se situe la critique et si elle est fondée ou non.
J’espère que d’autres spectateurs vont intervenir sur le sujet….
Edouard qui est aujourd’hui, plutôt hier, au PPM retrouve de vieux réflexes de gauchistes réglant ses comptes avec le PC.
Depuis le PC est moribond, le GRS lui a été enterré.
Donc l’intérêt de tout cela est plus que limité.
Et surtout il fait un caprice de star qui n’a été assez longtemps sur l’écran, comme il croyait devoir l’être.
Edouard, le monde a changé depuis, le PC est agonisant, le GRS lui a été enterré, les jeunes ne respectent plus rien et je dirai, presque heureusement.
Monsieur Delépine est un historien de renom. Son exercice consiste à l’analyse historique et politique des grands évènements de la Martinique. Je ne suis, face à lui, qu’une simple cinéaste et, par conséquent, nous ne pratiquons pas le même type d’exercice. Ma démarche va au plus près du témoignage et du souvenir, de l’émotion. Monsieur de Lépine connait de toute évidence mieux l’exercice historique que l’exercice cinématographique. Le cinéma raconte des histoires avant tout, fait ressentir, rire ou pleurer et amène à la réflexion sans en imposer les postulats. Je n’ose pas imaginer que Monsieur Delépine puisse remettre en cause les témoignages de ceux qui se sont retrouvés à Chalvet le 14 février et ont été blessés, ni remettre en cause la parole des ouvriers qui trimaient dans les exploitations de banane. Je ne pense pas qu’il soit légitime pour remettre en cause les témoignages des militants maoïstes sauf, s’il le fait par opposition politicienne, ce qui n’est pas du registre de l’historien. Historien respecté et distancié ou fondateur du GRS, opposant absolu de la «méthode» maoïste ? Mon intention n’a jamais été de faire une analyse, ni un exposé, ni une conférence. J’ai fait un film qui donne la parole aux témoins, qui prend en compte le souvenir, l’émotion, l’emphase, le ressenti, la mémoire… Tout ce que l’historien éloigne de son travail analytique. Entre Monsieur Delépine et moi, il y a deux mondes et nous pratiquons deux exercices différents, nous exercons dans deux registres différents voire opposés.
Monsieur Delépine m’a en effet passé des documents que j’ai étudiés et lus avec beaucoup d’attention concernant essentiellement le GRS et je l’en remercie. J’ai également pu lire la maquette de son ouvrage. Tous les témoins de ce film m’ont apporté des documents. Il n’empêche que j’ai une démarche propre et je fais mes choix, je ne suis pas une élève docile. Monsieur Delépine témoigne dans mon film en tant que représentant d’un groupe le GRS. Certes, il est peu présent, ce qui peut heurter son ego. Il n’est pas le seul à apparaître peu, d’autres témoins même se sont prêtés à l’exercice et ne sont pas du tout montés dans le film.
Je fais des films, des choix scénaristiques et artistiques, qui peuvent plaire ou déplaire. Je n’entends pas plaire à tout le monde.
Camille Mauduech, le 27/02/2014
Très bien Mme MAUDUECH.
Vous avez raison de revendiquer et de défendre votre liberté de création face à un historien obtus.
Cordialement.
Daniel MARIE-SAINTE
le problème de beaucoup de chez nous, de la microsphère politicienne, c’est de vouloir parler aussi à la place les autres et à cet exercice ils font des projections, se permettent même de dire ou écrire qu’ils savent ce que pensent les autres et même ce que penserait Ti Sonson dans une situation qui n’a jamais existé.
C’est un travers martiniquais de ceux qui sont des intellectuels ( ou pire se croient des intellectuels, plus intelligents donc que le peuple) et qui ne sont pas dans l’analyse des faits mais souvent dans les spéculations, les fantasmes, l’imaginaire, les projections sans prise de distance, avec des interprétations relevant souvent de l’affectif.
Pourtant l’Histoire a toujours fait mentir ces « génies » qui ont rarement prévu les comportements populaires: la chute de l’URSS, l’émergence des nouvelles puissances, les révolutions islamiques ou autres, le terrorisme, les mouvements sociaux, etc..
« P.P.M d’après Mai 1981 devenu -frère et ami- du nouveau pouvoir français ! »-
Le M.I.M a toujours été dans les institutions et non hors de celles-ci, puisque même avant la naissance du dit M.I.M, Marie-Jeanne se fendait déjà d’un courrier en 1974 (pour le droit à l’autodétermination) expédié au candidat à la présidence Mitterrand –
Pourquoi à Mitterrand (candidat à la magistrature suprême de la puissance considérée comme tutélaire ou coloniale et pas une démarche « internationaliste » ?
Un parti et non un mouvement (né en 1978) dont le « discours radical » de « yichs Telga » des années soixante-dix, quatre-vingt vire à l’infléchissement des années quatre-vingt-dix (Marie-Jeanne « assouplit » sa position et son discours), l’éviction de Marc Pulvar d’une liste aux régionales en sera même une preuve supplémentaire de l’institutionnalisation accrue de ce parti dans les rouages politiques ou institutionnels de la République Française -
Le M.I.M n’avait ou n’a jamais eu ni l’étoffe, ni la vocation du Sinn Féin – Faites-la à d’autres !
Par ailleurs, si l’on consulte la biographie de De lépine il y est notifié qu’il a bien été exclu du P.C en 1971 mais pour accointances… indépendantistes – « accointances indépendantistes » disions-nous, tant et si bien que dans son essai « sur la question dite du statut de la Martinique » et, considéré comme un pamphlet dans la « sphère patriotique », il règle ses comptes avec ce passé – Des « caciques » comme Malsa ou Marie-Jeanne en prennent pour leur grade ! D’où votre courroux actuel ? Il va bien falloir à ce que vous vous habituiez que l’on s’attaque à ce « caciquisme », à cette légende qui veut que vous soyez de « vrais défenseurs de la cause martiniquaise » -
Vous avez occupé des fonctions politiques prépondérantes en Martinique, entres autres à la Région où votre gestion en fût plutôt néo-libérale qu’extrême-gauchiste ; Aucune dénonciation par exemple sur la forme du Code des Collectivités Territoriales qui obligeait le transfert de prêts étatiques transformés en subventions à des « bananiers pollueurs » – Oui décidément, faites-la à d’autres !
ANACONDA
Anaconda, très court:
que pensez vous du fait que le PPM est proné le MORATOIRE, à l’arrivée de Mitterand au pouvoir?
Réponse précise et analyse, chiche…
Anaconda….Anaconda……Anaconda……Anaconda……!!
es tu là?
Comme d’habitude tu fais le mort dès qu’il est question d’apporter des réponse à des petites questions?
Cher Anaconda, on se rend bien compte que sur des sujets différents tu nous ressorts les mêmes réponses. Ici le thème est bien précis et les échanges se font entre « initiés ». Manisfestement, tu ne l’es pas, comme moi même. Alors évite nous ton bavardage qui ne trompe personne.
Les films de Camille Mauduech ont entre autres intérêts celui de permettre la comparaison entre des positionnements de débuts de vie militante et les accomplissements. Souvent cruel. Au total un peuple trompé et largement déboussolé. Il faudra qu’un jour historiens et cinéastes se penchent la dessus. Cela concerne aussi bien le Ppm que le Ps ou le Mim ou le Pc.
L’historien , comme le cinéaste , choisit les faits qu’il va mettre en scène. En fonction de ses propres préoccupations d’aujourd’hui. D’où, dans les deux cas, l’obligation pour le lecteur et le spectateur de toujours diversifier ses sources. Le gros problème: quand une population entière a reçu de la majorité de ses enseignants, de ses médias et de ses élus une sélection « orientée » des faits de sa propre histoire et de l’histoire du monde, il lui est extrêmement difficile de comprendre ce monde tel qu’il est vraiment.
C’est vrai pour la Martinique, mais aussi pour la France et de nombreux pays occidentaux. La démocratie exige la vérité, et nous sommes dans le mensonge permanent . Cahuzac est le symbole du cynisme de nos dirigeants.
“L’historien , comme le cinéaste , choisit les faits qu’il va mettre en scène. En fonction de ses propres préoccupations d’aujourd’hui »
????
tiens donc
l’historien?
je pensais que lui c’était UNIQUEMENT les faits, ensuite une ANALYSE de ceux ci dans le contexte passé ( où et quand ils ont eu lieu), et pas selon « ses propres préoccupations » encore moins « d’aujourdhui ».
et c’est cela que la cinéaste a exprimé.
Quant à l’enseignement de l’histoire ici, il se fait quasi uniquement par l’éducation nationale et je ne crois pas que les programmes ont été conçu par nos enseignants locaux et encore moins par les partis politiques locaux , nos Médias locaux, peu nombreux, sont inexistants en ce qui concerne l’Histoire.
parler d’un « peuple trompé et déboussolé » est assez méprisant pour nos concitoyens et l’Histoire, justement, explique très bien nos différents comportements actuels.
Excellentissime Le Hibou !
Il eut été préférable que cet article ne fasse l’objet d’aucune récrimination de « politique politicienne » –
L’on m’a interpellé sur le moratoire ! Mais… à l’époque de ce moratoire, j’émargeais à un indépendantisme que je croyais sincère donc « sociologique », or il n’était que « superficiel » ; La preuve il a demeuré non seulement au sein des institutions qu’il vilipendait et, au stade de « l’incantation » -
Bien entendu que le moratoire de 1983 fût un recul manifeste concernant la « structuration » d’un réel peuple martiniquais –
Toutefois, lorsque Marie-Jeanne écrivait à Mitterrand en 1974, nous étions déjà dans la « tromperie », puisque par définition l’esclave ne réclame pas au maitre sa liberté mais au contraire il se bat pour organiser, structurer les moyens les conditions de parvenir à cette libération -
je te parle du PPM, ton parti, et de Césaire, ton icône, et tu esquives en parlant des indépendantistes
je ne m’attendais pas en vérité à autre chose ¡¡¡
étrange tu laisses un parti, pas assez radical à ton avis, pour aller dans un parti de « collaboration » avec le maître.
Tu aimes être cocu alors!!
A moins que tu sois un opportuniste qui adopte des positions extrêmes anti indépendantistes pour prouver à tes nouveaux amis que tu es un des leurs.
Tu ne seras pas le premier et le dernier à procéder ainsi.
Paroles, paroles…
Pour tous les partis politiques martiniquais, c’est le moratoire permanent, le moratoire au quotidien.
Un vote pour le moratoire éternel ferait un malheur, peut-être davantage encore chez les anti-moratoire proclamés que chez les pros.