Pour résoudre ces déficits d’efficacité et de légitimité, d’autres modes de conception, de mise en œuvre et d’évaluation des politiques publiques s’imposent.
Des méthodes de gestion des affaires publiques qui permettent une participation plus responsable, plus directe et plus active des citoyens et des associations afin d’éviter le triomphe des intérêts individuels, de l’influence des groupes de pression et de la domination technocratique.
1. Ré-inventer la démocratie participative institutionnalisée
Parmi les nombreux rapports qui éclairent cette perspective, citons 2 exemples :
« Pour une réforme radicale de la politique de la ville » de Marie-Hélène Bacqué et Mohamed Mechmache – juillet 2013
http://www.territoires.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport-participation-habitants_ok.pdf
« L’innovation au pouvoir ! » de Karim OURAL – avril 2015
Ces rapports dressent, entre autres, le constat de la non-réussite récurrente de la démocratie participative institutionnalisée dans ses tentatives d’associer les habitants aux décisions des collectivités, c’est-à-dire l’échec de la mise en œuvre d’une sphère de démocratie participative effective sur la plupart des territoires français, métropolitains et d’Outre-mer.
Qu’elles concernent l’urbanisme, les transports, l’énergie, la pêche, l’agriculture, le tourisme ou n’importe quel autre champ d’intervention des collectivités, l’objectif des politiques publiques devrait être, dans une démocratie, de contribuer à une vie meilleure pour le plus grand nombre.
Pour cela, il est indispensable que ces politiques publiques soient co-discutées, co-construites et co-évaluées par les différents acteurs concernés par leurs enjeux.
Les citoyens-usagers-contribuables doivent être associées à ces trois phases des politiques publiques : conception, mise en œuvre et évaluation.
Dans une démocratie vivante, la « vraie vie » des hommes au quotidien, ne peut être édictée à partir des « cabinets » des experts et des élus, mais dans des salles publiques où toutes les catégories citoyennes qui ont envie de venir s’y rencontrer, prennent plaisir à se réunir pour confronter leurs idées et parvenir ensemble à trouver des solutions.
Pour les citoyens-usagers-contribuables, il est nécessaire que les politiques publiques se dotent d’outils qui leur permettent d’avoir une capacité d’agir, et notamment des temps de formation.
En ce sens la démocratie participative, telle que nous la concevons à Martinique Citoyenne, ne se réduit pas à une simple exhortation rhétorique appelant à « la participation des habitants », par bonne conscience et/ou par démagogie.
2. La démocratie participative en Martinique : des pratiques très perfectibles
La démocratie participative, telle que nous la concevons à Martinique Citoyenne, pose la question des catégories des personnes physiquement présentes dans les réunions de discussion d’un projet :
Comment faire émerger l’expérience et la parole de tous les habitants ?
Comment rendre chacun visible et estimable aux yeux de tous ?
Comment les citoyens les plus pauvres, les plus vulnérables et souvent exclus, peuvent-ils contribuer aux débats publics sans être enfermés ni dans les projets exclusivement liés à leur quartier, ni dans l’alternative de se taire ou d’être représentés par d’autres qu’eux-mêmes.
Si nous affirmons la légitimité et la nécessité de l’implication des citoyens-usagers-contribuables dans l’élaboration d’un projet (non pas dans une seule séance d’information finale mais bien tout au long des phases d’élaboration d’un projet, et cela, dès les premières ébauches mises en discussion), il est illusoire de croire que les habitants sont spontanément capables de compréhension, de réaction critique et d’invention.
Selon nos expériences et les informations en notre possession, par essence limitées, les opérations de démocratie participative menées en Martinique par les collectivités locales depuis une quinzaine d’années jusqu’à ce jour ont accordé aux citoyens la possibilité de donner leurs avis et même d’être force de propositions – voire on les a exhortés vivement à le faire – sans leur en avoir donné les moyens réels, sans avoir mis au préalable à leur disposition les éléments de base concrets pour qu’ils aient pu positivement le faire.
Cette situation bancale et ambiguë dans laquelle sont placés les habitants repose sur une illusion qui en élimine très vite un grand nombre et projette sur ceux qui en acceptent le défi ou l’enjeu, une représentation très souvent négative de la part des élus et des techniciens.
L’illusion réside dans la croyance en la capacité des habitants à être spontanément compétents et à pouvoir réagir instantanément et dans une durée de temps limitée à la présentation d’un projet dont ils ignorent tout, alors que élus et les techniciens, eux, l’ont travaillé et y ont réfléchi, séparément ou en commun, depuis des mois, voire des années !
C’est ainsi que de citoyens-usagers-contribuables concernés par un projet sont, de fait, placés dans la position difficile d’avoir à répondre à des injonctions contradictoires ! Il faudrait qu’après un commentaire construit et savamment étayé sur un « PowerPoint » de plusieurs dizaines de slides, les habitants, qui viennent tout juste de prendre connaissance du sujet, soient en mesure de réagir immédiatement et de façon constructive aux propositions. Cette position, impossible à tenir, leur est imposée par la croyance naïve en la naturalité de la connaissance et de la compréhension, à moins que ce ne soit par l’hypocrisie de ceux qui mettent en scène ce jeu de rôles.
Cette situation a des effets désastreux sur :
- l’idée de démocratie participative qui est aujourd’hui, en Martinique, galvaudée et dévalorisée,
- sur les élus,
- les techniciens, et
- les habitants.
Le plus souvent, les avis des citoyens-usagers-contribuables restent très ponctuels, voire anecdotiques car particuliers ; la participation se limite à un chacun pour soi, alors qu’il en suppose la sortie.
Parfois aussi, ne s’expriment que des avis d’opposition systématique, sans nuance, traduisant la défense d’intérêts particuliers ou idéologiques. Quant aux élus et aux techniciens, certains ont alors toute latitude pour considérer les habitants de façon globale comme individualistes et incompétents ; d’autres peuvent aussi les craindre.
Ainsi, certaines réunions publiques ressemblent davantage à des arènes, où l’on se rend pour régler ses comptes hors les urnes ou pour mieux imposer son pouvoir et son autorité, qu’à des espaces de délibération effective.
L’ambiance de confiance nécessaire à un échange d’idées constructif fait place à un climat de défiance/méfiance, voire d’incompréhension généralisée.
3. On ne naît pas citoyen, on le devient !
Les dispositifs qui garantissent la démocratie participative, telles que nous la concevons à Martinique Citoyenne, exigent du temps, de l’énergie, et certains moyens financiers aussi.
La citoyenneté et la participation des habitants ne peuvent être simplement décrétées. L’idée d’une nécessaire formation à l’exercice de la citoyenneté constitue donc un nouvel axe à explorer et à construire.
L’instauration d’une telle formation est un saut indispensable à franchir pour passer des simulacres de démocratie participative à une démocratie effective.
Car, on ne naît pas citoyen, on le devient !
Le 07 août 2015,
Nathalie JOS
Olivier Ernest JEAN-MARIE
Animateurs de Martinique Citoyenne
Ce qui forme les citoyens à la démocratie, c’est peut-être avant tout……….une presse indépendante, consciencieuse………et elle-même « formée »……
Qui ne se contente pas de reprendre les communiqués des institutions !
Dans tous pays qui se respectent, lorsque les informations ne viennent que de la classe politique, les médias , prennent le relais pour informer le public, en analysant et disséquant certaines informations ,pour aider le peuple à mieux appréhender et pouvoir porter un regard critique, pour une meilleure application…. Cela existe t-il ici?…..
Quant à la démocratie participative, c’est une expression galvaudée, dépourvue de son vrai sens. Quand on vous invite , dans une réunion , pour donner votre avis, vous ne pouvez le faire. En effet, si au bout de quelques minutes de votre exposé, si ce que vous dites ne va pas dans le sens, de vos interlocuteurs, la parole vous est retirée. Et , si vous insistez, quelques soldats zélés, trop zélés, vous montre la sortie.(je pourrais donner des exemples). Dans ce genre de réunion, l’important, ce n’est pas votre avis, mais, la force de persuasion de vos interlocuteurs qui viennent vous informer de leurs décisions…
Le citoyen ne compte pas si bien que, aucune association de la population ,avec un véritable pouvoir ne figure dans l’organigramme de la CTM….
Cet article est sexy, il redonne courage.
Vu la horde de trépanés réactionnaires dont l’unique but dans la vie semble d’être des « pantins qui choisissent leurs fils », s’extirper du modèle individualiste colonial s’avère une gageure pour notre société.
Rappelons que ces démarches d’autogestion/construction de souveraineté des peuples sont les moins égocentriques qui soient.
Partout dans le monde, elles génèrent de solides solidarités et réseaux d’échanges. Au contraire de la soumission aveugle à des états et multinationales capitalistes.
Jeune, le peuple se forme à l’école.
Avec l’âge, le peuple se « forme via les médias».
Qui paye les médias : la publicité pour les bagnoles, pour la grande distribution, etc…
Pour assurer leur domination l’oligarchie doit assurer la bouffe, la musique et le sport.
Toute sa « communication » , soit traduit en bon français, « l’action pour niquer les cons », consiste à assurer ce minimum.
Le problème est que l’oligarchie n’arrive plus à assurer la bouffe.
Bouffe concept qui exprime les besoins fondamentaux de l’Homme. La Martinique est concerné mais aussi les USA et l’Europe et bien d’autres pays.
L’effondrement qui arrive n’est pas anticipé par les politiques, car le sujet est anxiogène et pas facile à expliquer.
De plus si ils s’aventurent sur ces sujets ils seront virés des médias.