Par André Lucrèce
La crise qui affecte l’UAG depuis plusieurs mois m’a emmené essentiellement à écouter, à m’informer et à comprendre, ceci en toute sérénité, surtout devant la circulation sociale des émotions qu’elle a générées.
Je voudrais ici réagir à la lecture de deux lettres qui me paraissent significatives des états d’esprit qui prévalent dans cette crise. Il s’agit de la lettre de la Présidente de l’UAG au Président de la Région Guadeloupe et de celle de ce même Président, adressée à Madame Geneviève Fioraso, Secrétaire d’Etat chargée de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
Dans sa lettre, M. Lurel, qui visiblement a la chair sensible et amère, se dit « blessé » par la lettre de la Présidente de l’UAG, lettre que j’ai lue attentivement et qui ne contient l’ombre des propos soi-disant «diffamatoires et grossièrement mensongers» qu’il évoque, son objectif étant manifestement de mettre la Présidente de l’UAG en difficulté.
Il se garde bien en revanche d’évoquer sa propre responsabilité. Car c’est bien lui qui, visiblement étranger aux considérations de tact, invite la Présidente de l’UAG à participer à une séance plénière du Conseil régional de la Guadeloupe en concédant à la Présidente cinq (5) minutes ! Oui cinq (5) minutes ! afin d’intervenir sur l’évolution institutionnelle de l’UAG, ce à quoi la Présidente s’est poliment refusée. La manœuvre est grossière et la tartufferie avérée : elles consistent à provoquer, par une invitation marquée du sceau de la goujaterie, pour ensuite jouer pathétiquement à l’homme « blessé ». La diatribe contre la Présidente, et la rhétorique du lynchage qui suivra ne laissent guère de doute sur le fait que le Président du CR de Guadeloupe confondait allègrement le Tribunal de Basse Terre et la salle des plénières du CR domiciliés dans la même ville.
Autrement dit, au lieu de convertir Eris, la déesse de la Discorde, à l’entente sur l’essentiel pour créer cette université des Antilles qui s’impose aujourd’hui, Monsieur Lurel, ébouriffant ses plumes, s’en va chercher une querelle sans objet. Une querelle où, de manière irresponsable, il brandit la menace d’un séparatisme universitaire avec le risque d’un appauvrissement qualitatif de l’université, au moment même où ses amis socialistes exhortent les universités, par la loi dite ESR, à se regrouper afin de renforcer le système français d’enseignement supérieur.
Mais sa lettre révèle autre chose.
Monsieur Lurel, qui butine chaotiquement dans le culot et dans l’outrance, pense son Conseil régional comme un lieu de toute-puissance qui pourrait faire et défaire la gouvernance de l’université et, pendant qu’il y est, nommer peut-être aussi les doyens des différents départements de cette université. M. Lurel sait bien pourtant que le Conseil régional, qui a la responsabilité des lycées, ne nomme ni les proviseurs, ni les proviseurs adjoints.
Dans son aveuglement, il écrit par ailleurs à la Secrétaire d’Etat cette phrase succulente : « Je déplore le fait que la présidente actuelle de l’établissement négocie directement avec votre ministère des points clés relatifs à la future université des Antilles. » Mais avec qui voulez- vous que la Présidente dialogue en priorité, s’agissant d’un projet concernant l’université, sinon avec son autorité de tutelle qui a pouvoir de décision ? Cela pourtant, Monsieur Lurel ne l’entend pas. Plus exactement, il ne veut rien entendre et rien lire non plus lorsque la Présidente de l’UAG termine sa lettre par ces mots : « C’est bien volontiers que je reste disponible pour toute rencontre et échange avec vous… »
Drapé dans sa dignité d’archonte, signant sa lettre de l’insignifiante mention «Ancien ministre des Outre-mer », fonction dans laquelle il n’a guère brillé d’ailleurs, mais dont il est sorti visiblement affublé des ors qui lui montent à la tête, M. Lurel s’adonne à une agitation aussi médiocre qu’infertile pour des raisons qui visiblement sont bassement politiciennes.
Il n’est point besoin d’être géologue pour s’apercevoir qu’il traîne avec lui un inexplicable limon, propre à fertiliser un chauvinisme anachronique, lequel l’amène à s’en prendre injustement à une femme d’honneur qui ne fait que remplir, avec un courage et une opiniâtreté qui lui valent d’ailleurs l’estime de l’opinion, la mission pour laquelle on l’a élue.
Obsédé par la gouvernance, il écrit – et il semble y tenir obstinément – qu’il faut acter « le principe de l’alternance entre les deux pôles à chaque renouvellement de présidence. » C’est son obsession. On peut la lui concéder, mais alors, pourquoi ne pas attendre que la présidente actuelle termine son mandat, comme l’a décidé d’ailleurs la Secrétaire d’Etat ? Non. Il ne veut rien savoir, et il en fait une affaire de principe : l’origine des présidents à venir prime sur la compétence.
Je fais néanmoins ici remarquer que depuis des années, les ministres des Outre-mer, ainsi qu’on les désigne, ont été successivement Mme Penchard, M. Lurel lui-même et Mme Pau- Langevin, tous d’origine guadeloupéenne, sans que cela n’ait provoqué aucun émoi en Martinique. Car tout cela est, en réalité, dérisoire.
Dans la frénésie inventive des arguments, j’entends celui-ci avec intérêt et curiosité : la présidente élue de l’UAG ne pourrait demeurer à son poste du fait de la disparition de la Guyane du champ de la nouvelle université des Antilles. Mon imagination, toute aussi inventive, m’a poussé à envisager le cas de figure suivant : soit un président de région élu par une population résidant sur un territoire. Deux entités de ce territoire – mettons par exemple Saint Barthélémy et Saint Martin – sortent du champ de compétence du président de région parce qu’elles ont choisi d’être érigées en collectivités d’outre-mer. Faut-il remettre en question l’élection du président de région et mettre fin à son mandat ? Je laisse les lecteurs mesurer à quel point certains ont la mémoire courte.
Quant à faire porter la responsabilité de la crise actuelle de l’université, comme le suggère M. Lurel, à une présidente qui n’est aux affaires que depuis quelques mois, il y a là une évidente mauvaise foi. Je rappellerai que les deux rapports de la Cour des Comptes, le rapport du Sénat et le rapport de l’Inspection Générale de l’Administration de l’Education Nationale et de la Recherche (IGAENR) font remonter les dysfonctionnements de cette université à une quinzaine d’années. Je rappellerai également que Mme Jacqueline Abaul, Présidente de l’UAG de 1998 à 2001, avait tenté de mettre bon ordre à ces dysfonctionnements et qu’on avait pratiqué à son égard l’exclusion par l’hommage en la nommant en juillet 2001 Rectrice de l’Académie de Caen.
M. Lurel, comme d’autres, a donc opportunément la mémoire courte.
Irascible devant sa propre impuissance – mais n’est-il pas le champion de l’assimilationisme tardif – il chute dans l’insignifiance tragique. Tragique, car des milliers de parents en Guadeloupe et en Martinique, qui n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants accomplir leurs études à 7000 kilomètres, attendent et espèrent pouvoir disposer d’une université crédible et pérenne qui n’a de sens que si elle repose sur une saine collaboration entre les deux îles. Monsieur Lurel n’y contribue nullement.
Heureusement, par delà ces folles dérives, nos entendements, aussi bien en Martinique qu’en Guadeloupe où sont nombreux ceux qui ne partagent pas le point de vue de M. Lurel, possèdent cet admirable discernement qui nous amène à comprendre que ce n’est qu’ensemble que nous pourrons peut être, par un sursaut salutaire, réenchanter le monde d’une jeunesse qui nous le demande avec insistance.
* André Lucrèce est écrivain et Docteur en sociologie
Enfin, un intellectuel qui a un discours intéressant sur ce sujet !!
Beaucoup s’interrogeaient sur le silence (un silence complice disaient-ils) des hommes de valeurde notre Martinique. Eh! bien voilà un post , à marquer d’une pierre blanche et dans lequel l’auteur n’a ni langue de bois, ni sa langue dans sa poche. J’adore!
C’est bien que cet ex ministre soit mis devant ses travers. Ce poste de ministre qu’il a eu, a encore amplifié son égo . Puisse ce poste être une petite piqûre de rappel pour que ce monsieur comprenne, que l’on ne peut être ministre et président de CR sans l’assentiment du peuple. Un peuple qui a cru en lui et qui voit sa confiance trahie.
ils doivent être malades ceux qui, un soir de campagne électorale, ce ministre fraîchement nommé, était venu en Martinique pour soi disant aidé certains de ses camarades. Etait-ce sincère? Qu’en est-il aujourd’hui?
Etait-ce un geste dictée d’arrière- pensées?
C’est aujourd’hui que vous auriez dû , avec votre pouvoir, celui qui vous fait vous prendre pour le Président de la République, d’être solidaire de vos compatriotes Guyanais, Guadeloupéens et Martiniquais, des étudiants de ces pays, des mères et pères de ces pays qui ont voté pour vous. Parce qu’ils pensaient que avant de penser à vous, vous vous occuperiez de leur avenir et de leur bien être. Et que vous seriez capable de distinguer une présidente de l’UAG, courageuse et décidée à prendre ses responsabilités….
Souhaitons que ces peuples comprendront que la division sur ce plan ne peut qu’ aller à l’encontre de l’intérêt de notre jeunesse!…
Nicolas, tu as un problème avec la Guadeloupe. Moi, je trouve ce papier à l’image de la Martinique et des martiniquais: Suffisance, mégalomanie, etc…..
Ce qui ressemble drôlement à son auteur.
Comme chaque fois qu’il y a un débat périlleux, il s’est jusqu’ici tenu coi. Puis s’étant assuré du sens du vent, pesé les risques et les avantages, le voilà plume au fusil au pas de la soldatesque aux ordres d’un va en guerre : sus, sus, sus aux séditieux guadeloupéens !
On ne pourra pas lui reprocher de ne pas être toujours resté fidèle à-lui même.
Le problème est que le temps est à la négociation, à l’apaisement, pour éviter autant que possible à nos jeunes et à nos populations l’affligeant spectacle d’une guerre entre guadeloupéens et martiniquais se proclamant « frères » mais incapables de s’entendre, laissant ainsi toute latitude à Paris pour légiférer en leurs noms.
qu’est ce que vous êtes amusants, comme peuvent l’être des enfants, vous intellectuels martiniquais dans vos guerres d’égos respectifs !!
Si un jour vous pouviez grandir tous et vous intéressez à nos problèmes de Ti Sonson: chômage, développement, formation, petite retraite, coût de vie pour nous les petits, insécurité, crèche, maison de retraite, obésité, toxicomanie, cancer, hypertension, diabète, habitat insalubre, logement social, pollution des sols, pollution des rivières et de la mer, transports, etc…..
A croire que vous ne fréquentez pas les Ti Sonson, que vous ne les écoutez pas, que vous ne les voyez pas en fait.
Nos préoccupations sont peut être trop terre à terre, c’est que nous ne sommes que le peuple.
Vous pourrez ergoter sur le timing de cette prise de position, mais c’est quand même une prise position qui arrive à point nommé, en plus elle est signée de son auteur, ce qui est déjà pas mal.
Quant au fond, manifestement, vous n’avez rien à redire.
Rien à dire : le titre de l’article exprime parfaitement son contenu. L’insignifiance d’un écrit et aussi de son vrai auteur.
Obéro, merci pour ta lucidité.
Monsieur Dédé Lucrèce ++
Merci grandement pour cet alizé purificateur.
Avec tout ce que l’on entend depuis quelques mois sur l’état de putréfaction de notre société martiniquaise, on désespérait d’entendre une voix telle qu’exprimée par vous.
Equinoxe, il ne t’en fat pas de beaucoup pour te purifier. Simplement, la guerre, la jalousie, la haine, le manque d’éducation,….; comme la gouvernance actuelle de l’UAG et l’auteur de ta purification.
« Les Présidents des Collectivités territoriales ont convenu d’un commun accord de se rencontrer pour discuter de l’avenir de l’université des Antilles, et tâcher d’harmoniser autant que possible leurs positions respectives » (fin de citation, FA de ce jeudi 03 juillet 2014, p.5).
Les élus régionaux et généraux de chaque territoire ont ainsi été consultés, de même chaque pôle universitaire. La rencontre aura lieu demain, vendredi 04 juillet 2014 en Guadeloupe. Nous sommes bien dans le temps de la négociation et de l’apaisement. Et il ne s’agit pas là d’une simple clause de forme mais d’un choix politique responsable. Quoi qu’on puisse penser de la personnalité et de l’idéologie des acteurs en précense ils seront donc, dans ce cadre, dans leur fonction de représentation.
Il y a bien évidemment pour les oppositions comme pour toutes les sensibilités de la communauté universitaire un devoir de vigilance critique qui n’a rien à voir avec les postures inutilement belliqueuses et cancanières. Pouvez-vous comprendre cela Monsieur HASNEVERBEEN et vous l’autre Monsieur qui vous consumez dans votre fantasme d’un autre temps : la fusion de votre personne avec le « petit peuple » ? Vous êtes dans votre rêve éveillé et délirant le « petit peuple ». Vous voyez avec ses yeux et parlez de sa voix. Les élites intellectuelles, politiques et économiques n’ont qu’à bien se tenir. « TI SONSON » veille au grain !
vous confirmez le fait que: un individu se croyant l’élite , chose très relative en pays dominé, dominé de l’extérieur et chez lui même par des minorités, ne fait plus partie du peuple.
Cela me rend d’autant plus à l’aise car je suis pas de l’élite, n’ayant pas le parcours, ne faisant pas partie des cercles, ne possédant pas les diplomes et les charges, et je peux donc me dire du petit peuple, sauf à croire que le petit peuple n’a pas la capacité de s’exprimer, d’analyser, de réfléchir.
Et c’est peut être là qu’est le grand problème de notre île, ceux qui se croient l’élite, n’ont aucun pouvoir, sauf celui de tenter de nuire à l’autre pour faire exister son égo.
C’est bien pour cela que souvent constatant leur impuissance, ils aiment se donner aux politiques, aux élus, pour être visibles, reconnus, et surtout manger au ratelier aussi, bien qu’ils ne sont que dans l’ombre des élus.
Ils existent rarement par ce qu’ils produisent, mais par le fait qu’ils servent simplement de caution intellectuelle à nos élus qui eux sont souvent dépourvus des « qualités » que l’on attribuent à l’élite intellectuelle.
On peut quasiment parler d’intellectuels de cour.
Et nouveau phénomène, les médias, pouvoir tenir un micro devant des caméras entre congénères autour d’un table semble être le graal de notre élite.
Mr Obéro, pouvez me dire ici quel est l’impact sur les 50 derniers de notre « élite » sur la vie de Ti Sonson, qu’a t elle insufflé, qu’a t elle proposé, qu’a t elle fait pour Ti Sonson ?
Qu’a t elle , allez je dis tenté, face à l’immigration au chomage, à l’hyperconsommation, à la perte des valeurs, à l’égoisme, à la dépersonnalisation, à l’acculturation rampante ?
Je n’ai pas à fusionner, voire à rêver de le faire, avec le peuple, je fais partie de ce peuple et cet ne n’est pas de l’ordre du fanstame, du rêve, c’est cette dimension du réel qui échappe à notre « élite »
Le fantasme, le rêve c’est de croire que l’on est une élite locale qui ne fait pas partie du peuple, ici en Martinique.
Ti sonson aujourdhui ne trouve pas de raison de respecter cette élite qui est dans la masturbation ou dans l’affairisme ou dans la course aux petits fours.
Cette intervention est excellente et opportune.
Elle devrait être le point de départ d’un sursaut collectif.
En effet, il appartient d’abord aux intellectuels de Martinique et de Guadeloupe (Maximin, Dahomey, …) de provoquer le sursaut pouvant empêcher la cassure définitive de l’université. Un dizaines d’interventions de ce niveau, émanant d’intellectuels, d’écrivains, universitaires ou non, devrait pouvoir contribuer à mettre fin à une évolution dont les conséquences seraient graves pour la jeunesse, et pas seulement. Mais une motion ouverte dans les deux îles au monde culturel, économique et social pourrait s’avérer également utile.
Nos enfants et petits enfants pourraient nous reprocher plus tard d’avoir laissé, sans réagir, démantibuler la seule institution qui rapproche encore les martiniquais et les guadeloupéens.
Bjr YLM.
Tu parles du démantèlement de notre Université. Sais-tu qui l’a démantelé et saccagé? C’est la gouvernance actuelle. Et pourtant, elle fait tout pour rester au pouvoir encore des années alors qu’elle sait pertinemment qu’elle sera minoritaire dans la composition du Conseil d’Administration de l’Université des Antilles. Mais elle s’en fout complètement de tout saccager. Ce qui l’intéresse c’est rester au pouvoir même si l’outil de formation de la jeunesse vole en éclat. C’est cette logique perverse que défend l’auteur de cet article. Quelle insignifiance!
et voilà une bonne chose de dite par YLM, comme quoi…..
C’est un texte magistralement écrit et, par un intellectuel s’il en est, qui ne fait pas dans la « langue de bois » -
« Suffisance, mégalomanie », il faudrait les retourner au monarque , drapé dans son titre d’ancien ministre des colonies qui, ose
accorder « cinq » minutes de temps de parole à un acteur aussi important du corpus universitaire – Qu’il se les garde ses
« cinq » minutes ! C’est ni plus, ni moins de la grossièreté, de l’impolitesse !
Aucune importance pour la Martinique que trois ministres des colonies aient été sucessivement des guadeloupéens !
L’assimilationnisme du « paraître » par le reflet du miroir du colon est bien une pathognomonie de la colonisation française -
La Martinique et la Guadeloupe ne constituent pas une « somme algébrique » de deux monômes mais deux pays distincts
ayant vocation à s’ériger un jour, en Etat-Nations indépendants dans leur environnement caribéen -
Une université de « plein exercice » pour chacun de ces pays qui, ne peuvent former un binôme autrement que par la colonisation !
» L’arrogance sans fondement comme stade suprême de l’insignifiance ».
La crise, très grave qui affecte notre Université, ancienne UAG et peut-être je l’espère future UA, prend sa source en grande partie dans une série d’attitudes méprisantes de responsables martiniquais de la communauté universitaire ou autre, vis avis des autres composantes Guyanaises et Guadeloupéennes.
C’est ainsi que la crise commence par une candidature martiniquaise à la présidence de l’Université, présentée en dépit de tous les accords – non écrits certes -existant depuis toujours sur le principe d’alternance pour ce poste. En outre, cette nouvelle candidature martiniquaise arrivant après deux présidences successives martiniquaises, apparaissait comme une véritable provocation voire une véritable déclaration de guerre.
Nombreuses furent alors les voix dans les trois pôles territoriaux à s’élever contre ce qui s’apparentait comme la trahison d’un principe historiquement établi. Quelle fut alors la justification de la candidate martiniquaise, actuelle présidente tellement controversée à ce jour, que la compétence primait sur tous les accords établis précédents. Interrogeons-nous un instant sur ce qui fondait la dite, et surtout supposée, compétence de cette candidate, autrement qu’une arrogance extrême et surtout le mépris le plus profond pour les autres candidats des deux autres territoires.
On n’eut pas bien longtemps à attendre pour mesurer cette compétence autoproclamée au regard de la gestion calamiteuse de tout ce qui a suivi en tout premier lieu l’incroyable imbroglio aboutissant à la sécession de la Guyane. Cette crise du pôle guyanais, réglée directement par les autorités centrales tellement l’incompétence de la gouvernance était avérée, avait déjà trouvé son origine dans des propos et des attitudes de mépris affichés tant à l’encontre des élus guyanais que de la population elle-même avec des messages inouïs les traitant de sous-développés.
A suivi le long épisode visant à mettre en cause un laboratoire et ses responsables, accusés des pires dérives maffieuses, alors qu’il s’agit au pire de dysfonctionnement de gestion administrative et financière au niveau central de l’UAG. Mais ce rideau de fumée, par une médiatisation et une politisation outrancières, permettait de masquer toutes les insuffisances d’une gouvernance incapable de mettre l’institution sur des rails de fonctionnement normal.
Laissant les étudiants en déshérence, les enseignants irrités, décontenancés ou terrorisés. Toute cette agitation médiatique et politicienne hors les murs, n’ayant qu’un seul but: créer les conditions du maintien de la gouvernance coûte que coûte, le plus longtemps possible, sous les yeux de nombreux observateurs assistant médusés au pourrissement et au saccage d’un outil a la construction duquel ils avaient participé à différents niveaux. Cette instrumentalisation de la structure universitaire à des fins médiatiques et politiciennes semble arriver à son terme par essoufflement des instrumentalistes.
Ces derniers temps, un vent de rationalisation semble devoir souffler enfin, avec la parution de différents documents d’orientation -rapport du Sénat, décret et ordonnance ministériels -préconisant tous la création d’une Université de Guyane et d’une Université des Antilles.
La communauté universitaire, particulièrement en Guadeloupe, et les exécutifs des deux Régions de Martinique et de Guadeloupe se sont également mobilisés en se prononçant très clairement et de manière solidaire sur cette création d’une Université des Antilles faisant pendant à la création de l’Université de Guyane. Un collectif intitulé Ensemble pour l’Université des Antilles s’est constitué sur les deux territoires Guadeloupe et Martinique), composé de membres de la communauté universitaire et de la société civile et décidé à œuvrer auprès des élus régionaux pour la mise en œuvre, dans la concertation et dans un climat apaisé, de ce projet de création de l’UA qui répondra enfin, après cette longue période de dysfonctionnement sur l’incompétence de la gouvernance actuelle, à ce qu’attendent enseignants, étudiants et parents.
La recherche de ce climat d’apaisement s’est trouvé déjà mis en danger par une attitude à nouveau outrancièrement méprisante de l’actuelle présidente vis à vis de l’Exécutif de la Région Guadeloupe et des élus de cette assemblée, tout comme elle l’avait déjà fait vis à vis des élus guyanais. Or il est évident que dans la période actuelle, les ingrédients les mieux appropries pour avancer dans ce projet de création d’une UA, sont la concertation et la recherche de consensus dans un climat apaisé.
Tout dérapage est désormais à proscrire et il faut saluer encourager les efforts méritoires des élus des deux territoires et des membres les plus constructifs de la communauté universitaire.
Il faut désormais condamner avec la plus grande fermeté tout acte de provocation, visant à mettre de l’huile sur le feu. Or c’est dans ce registre que vient s’inscrire un article paru dans la presse sous la signature d’un écrivain et sociologue martiniquais bien connu, article qui est un véritable brûlot dirigé contre le Président Victorin Lurel.
Ces propos sont tellement outranciers et méprisants vis à vis de l’Exécutif de la Région Guadeloupe qu’ils en deviendraient dérisoires; sauf que nous sommes en présence de ce qu’on appelle un texte-mercenaire, c’est à dire une production destinée à satisfaire une commande venant de cette gouvernance qui poursuit sa mission de destruction de tout le système de l’enseignement supérieur et de la recherche dans nos territoires. Ce véritable pamphlet contre le président Lurel reprend à peu près tous les arguments traditionnels de l’actuelle gouvernance universitaire.
Or ce n’est pas en insultant nos partenaires et frères de la Guadeloupe, et en particulier leurs élus, que nous parviendrons à créer ensemble cette nouvelle UA. Dont l’importance n’échappe à personne saufs aux partisans de l’insignifiance. Des articles aussi outranciers et spécieux qu’il convient légitimement de mettre sur le compte de la niaiserie infantile d’effets de manches, peuvent avoir des conséquences très négatives au moment où les efforts d’apaisement convergent. Nous n’aurons donc de cesse d’appeler à une certaine humilité et à un respect réciproque entre partenaires.
Trop souvent, nous autres Martiniquais apparaissons comme ceux qui font preuve de la plus grande suffisance. Prenons garde que trop d’arrogance ne soit véritablement la caractéristique de l’insignifiance la plus absolue tant des propos tenus que de leurs auteurs.
Hector ELISABETH, sociologue, ancien professeur associé de l’UAG et membre du collectif Ensemble pour l’Université des Antilles.
Nouveau commentaire :
Votre prétendue indépendance de tout parti et de tout réseau ne vous immunise pas contre la sottise Monsieur LARIYA. Car c’est bien de la sottise que de laisser entendre qu’il n’y aurait pas d’élites en pays dominé ou qu’ils seraient tous sans exeption les alibis ou les relais de la domination. Il y a quelque chose de l’amoureux éconduit dans cette déploration constante de l’inconséquence et de l’inconstance des élites et plus particulièrement des élites intellectuelles. Tout cela serait « amusant » si on ne savait pas depuis la « révolution culturelle » chinoise et la folie meurtrière des Kmers rouges au Cambodge comment se traduit, lorsque le système politique s’y prête, l’équation élite = traitre à la nation, traite au peuple.
C’est aussi une grande sottise que l’on discerne dans la question que vous m’adressez. Je vous cite « Mr Obéro, pouvez me dire ici quel est l’impact sur les 50 derniers de notre « élite » sur la vie de Ti Sonson […] (fin de citation). Est-ce à dire Monsieur LARIYA, comme vous semblez fortement le penser, qu’il n’y a eu aucune avancée ni sociale ni des consciences et des mentalités pendant ces 50 dernières années ? Ce présupposé qui biaise votre interpellation est une absurdité du point de vue historique. Et pour ne rien arranger elle se déploie sur un fond « d’élitisme » puisque, si on s’en tient à votre formulation, seules les élites feraient l’histoire, auraient le pouvoir de changer les choses. « Ti sonson » privé de son statut d’acteur attendrait lui le bec ouvert… Votre question révèle enfin une ignorance. Celle de l’existence dans notre histoire d’élites populaires et ouvrières.
Je conclu de ce qui précède que votre charge sans nuance contre les élites relève soit du ressentiment de « l’amoureux éconduit », soit d’un dogmatisme sectaire et massacreur du type « révolution culturelle » et Kmer Rouge, soit de votre perception des classes populaires qui emprunte à l’imagerie d’une certaine bourgeoisie paternaliste la figure du « ti sonson » dont vous vous réclamez. S’il y a bien une crise des élites il n’y a rien dans vos propos qui permettent de la penser et de la dépasser. On comprend dès lors le manque de substance de vos interventions sur l’institution qui justement a la charge leur formation.
-il serait plus simple de ne pas employer un vocabulaire qui fait que l’on vous reconnaitrait aisi de l’élite, c’est d’emblée inutile, mieux vaut privilégier le fond au lieu de la forme.
c’est un travers d’une certaine élite locale.
ceci dit
-j’ai écrit que l’élite locale n’a aucun pouvoir ICI en pays dominé, et
-quelle prétention que de revendiquer des avancées sociales? lesquelles ?
celle du simple alignement sur la France, ce qui n’est pas le travail des intellectuels, mais simplement la façon que la France a choisi pour calmer les Antilles, rien de plus, pas un développement.
si il y avait eu impact de l’élite intellectuelle, ce ne serait pas un alignement social mais justement une voie totalement différente avec une prise en compte de nos spécificités: insularité, taille, environnement, séquelle économique post esclavagiste avec une classe dominante, etc…
Donc si vous vous attribuez une « avancée sociale » de ce type, ce que je ne crois dans la réalité des faits, vous vous disqualifiez en tant qu’élite intellectuelle, à mes yeux.
pour le reste c’est du verbiage qui n’aborde aucune de mes questions et qui donc n’apporte aucune réponse.
C’est de l’ordre du procès d’intention et surtout des fantasmes, avec encore moins d’efficacité que sur ceux qui vous attaquez, car le fait de ne pas appartenir au microcosme, ne vous permet d’avoir aucune prise sur moi.
donc je revendique ma sottise pleinement, elle est des gens simples.