Tribune – Chantal Defontaine | Début des années 1970, nous sommes en pleine période de décolonisation. Les noirs-américains se libèrent tout juste de la ségrégation, l’Afrique du Sud est encore en plein apartheid, les Noirs en Europe subissent le racisme. En Martinique, l’aliénation culturelle est totale.
Les premiers festivals axés sur le théâtre et la création du Sermac en février 1976 sont des évènements fondateurs d’un tout nouveau rapport à la culture en Martinique
Qui sommes nous? que voulons-nous?
C’est un retour à « nous-mêmes » qui s’opère. Il s’agissait de créer un théâtre où la langue créole ne serait plus méprisée, un théâtre qui serait en phase avec la réalité historique et sociale des martiniquais. Abolir la frontière entre une culture d’élite et une culture partagée par tous. Fonder une nouvelle relation entre nous et le reste du Monde et y mettre l’énergie et la solidarité nécessaires.
Les bases de l’introspection identitaire que permit le Sermac et le festival culturel de Fort-de-France, nourrie par l’invitation de troupes venues de la Caraïbe, de la diaspora noire ou de pays ayant connu l’expérience coloniale, ont alimenté la réflexion autour des formes que devaient prendre la création théâtrale. Il y eut des avancées significatives au niveau des Arts plastiques, de la danse, de la musique…
Tout ce qui était rejeté devient des outils pour nous situer dans le Monde. Le tambour bélé, le ti-bwa envahissent le Sermac. Une fierté nouvelle se dresse…
Le leitmotiv d’Aimé Césaire » L’heure de nous-mêmes a sonné » a trouvé un écho particulier dans les quartiers populaires. Pour la première fois, on accordait la parole aux sans voix; une confiance est née favorisant une coopération et une solidarité entre les habitants. Le Sermac a été un facteur de régulation sociale.
Une révolution culturelle en marche
Aimé Césaire a vécu la sincérité de son engagement à travers le retentissement qu’a eu ce « laboratoire », devenu une institution une dizaine d’années après sa création dans toute la Caraïbe et au-delà…Des délégations entières issus de l’Arc Antillais, du Québec, des Etats-Unis, de France…sont venus s’inspirer de ce qu’on appelait alors, une « Révolution Culturelle » en marche, le « Sixième continent.
Le film-documentaire « L’heure de nous mêmes a sonné » tente de décrire l’ampleur de ce que fut ce projet et ce qu’il a produit notamment pendant les vingt premières années sous la direction de Jean-Paul Césaire. Le SERMAC a quarante ans, une date anniversaire passée complètement inaperçue.
Ce film pose des questions fondamentales: Que s’est-il Passé? Nous agissions, le bon sens fonctionnait, aujourd’hui, il n’y a que spéculation, nous… consommons! Cette volonté de résistance a t-elle définitivement disparu? Les documents d’archives se sont « volatilisés« .. Il est urgent aujourd’hui d’amorcer un travail d’archivage numérique, de collectes de documents précieux. Il faut répertorier, classer, archiver les recherches, travaux, thèses dans le domaine théâtral, danse, théâtre, architecture, arts-plastiques réalisées par nos jeunes chercheurs ( établir un lieu virtuel de découverte pour le public de ces grandes avancées; créer un espace de dialogue entre les artistes, historiens, sociologues, psychiatres, antrhropologes… Ce film pose une question essentielle et fondamentale: Qui a en charge la mémoire culturelle de ce pays? On aimerait citer Césaire dans un
Photo Marie-Claire Delbé-Cilla : visite de Madame Martin Luther-King en visite au Sermac en présence d’Aimé Césaire en 1978
Entre poussière et naphtaline, ressortons les vieilles momies de leurs sarcophages… Ibant obscuri sola sub nocte per umbram perque domos Ditis uacuas et inania regna…
Cette heure de nous-mêmes a si bien sonné, que pour mieux la célébrer un raciste suprématiste eugéniste notoire fut décoré en terre de Martinique, par des imposteurs, bénéficiaires sans scrupules de l’hypnose collective suggérée par l’exploitation éhontée de ce registre émotionnel. Ces soi-disant meilleurs spécialistes de nous-mêmes.
« L’heure de nous-mêmes a sonné »
C’est du moins ce que croyait Césaire , qui aspirait à élever la conscience martiniquaise pour qu’elle sorte e son assistanat . peine perdue . On ne sait si c’est si nous n’avons aucune conscience de l’heure ou si nous sommes en permanence en retard, mais l’horloge semble arrêtée à une
heure qui est loin d’être celle qu’il entrevoyait pour nous même.
Actuellement on s’attache à remonter un décalage horaire impossible à rattraper. De ce fait selon toutes prospectives optimistes de l’heure de nous même risque de ne jamais sonner.
Encore et toujours CESAIRE ?????
Aimé est devenu un plafond de verre qui nous interdit toute possibilité d’accéder un jour à la surface et d’apercevoir enfin, l’horizon.
Cette seule idée l’empêche de reposer en paix. J’en suis persuadé.
Il y en plus qu’assez de la « césairolâtrie » ante et post mortem de Césaire. Le PPM ne nourrit de cette rente qui n’est pourtant pas inépuisable.
Césaire le grand mal martiniquais dans cette île de Timal !!
Les intellectuels martiniquais, et avec eux les cinéastes, manquent d’imagination, On dirait qu’en Martinique, depuis Césaire, plus personne n’a pensé et ne pense. Depuis qu’il a dit ce qu’il a dit, et l’avoir dit de belle manière, on évite de rappeler ce que Césaire a tout aussi bien dit des choses qui n’étaient pas dans le compliment. Que les Martiniquais soient décrits comme des « mendiants arrogants » ou que « c’est grâce à la France que nous subsistons », de tels propos de Césaire ne soulèvent pas un poil de révolutionnaire et sont inaudibles de la part des générations d’intellectuels autistes, tant celles-ci sont amarrés à des phrases creuses ou qui n’ont pas été prouvés par les faits. C’est toujours les « ours qui dansent » ou « l’heure de nous mêmes » ou tous ces « jouets sombres au carnaval des autres », que certains répètent comme s’il s’agissait de compliments que l’auteur aurait adressés à son peuple.
Il ne suffit qu’une image soit belle et qu’une phrase soit bien tournée pour qu’elle devienne parole d’évangile. Honorons l’homme et le grand poète, mais si l’expression » l’heure de nous mêmes a sonné » adressée à l’Européen Maurice Thorez fait frissonner quelques fidèles qui s’accrochent à ses jolis mots, Césaire est mort à l’heure de la France, quasiment au bras de Sarkozy (qui buvait du petit lait) auquel il était accroché dans son hôtel de ville en février 2007 après que le futur président fût désigné persona non grata 3 mois plus tôt, en décembre 2006. Césaire est mort à l’heure de la France et sa mémoire hante le Panthéon. Il naquit et mourut assimilationniste.
« Vous êtes le seul leader du -tiers monde- à demeurer un indécrottable valet de l’Etat quel qu’il soit ».
» Vous êtes et n’avez été qu’un universaliste noir désincarné ».
Guy Cabort-Masson à Aimé Césaire suite au moratoire de 1981.
Ces propos ne sont-ils pas explicites en eux-mêmes ? Qui aurait imaginé un instant ce grand greco-latin de poète en maquisard sous la montagne Pelée, faisant la révolution à dessein de bouter le colonialisme hors de son pays ? Le moratoire et la gesticulation ont toujours été en « césairie ». Le premier fût la départementalisation en 1946 des quatre plus anciennes colonies dont il rapporta le texte au parlement français ; Il se rattrapa six ans plus tard en écrivant son fameux « discours sur le colonialisme » mais… pour les autres notamment africains et indochinois.
Le second moratoire. L’échec constaté de la comédie de la « Convention du Morne-Rouge » (tous les intervenants , tous ils savaient tous que l’Etat français était jacobin, ultra-centralisé et colonialiste), ce qui donnera deux ans plus tard en 1973 le brumeux discours des « trois voies et des cinq libertés » dont le commun des mortels et des lettrés aura du mal à en percevoir le « contenu » du mot » autonomie ». Et ce, alors que « l’autonomie » est inscrit dans le marbre des statuts du parti depuis 1967.
Le coup de grâce. Le prétexte du score réalisé par Giscard en Martinique lors des élections présidentielles de 1981 sera ce fameux moratoire prononcé de la bouche de Césaire en personne : »toutes les revendications sur l’autonomie de la Martinique sont mises sous cloche ».
Autonomie, dont par ailleurs on n’a jamais su le contenu politico-économique. En somme une autonomie de la poésie ou de l’ivresse à l’aspiration de « l’heure de nous-mêmes ». Moratoire, toujours en cours dans le parti, et qui fera son « sillage » en 2003 et ensuite en 2010. La fumeuse « troisième voie » de « l’héritier » en 2010 en fût le corollaire de ce qui avait débuté soixante-dix ans plus tôt.
On avait compris. L’anticolonialisme, les libérations nationales, oui, mais pour les autres. « Moi, laminaire ». Je reste au sein de mon « peuple » mais en croisant le fer à l’intérieur du système avec des ministres français (Dijoud, Stirn et les autres) ou par des envolées poétiques au parlement. Le conformisme, le gréco-latinisme pour les « institutionnalisés » de 1946. Les libérations nationales, même octroyées comme celle de mon ami Senghor pour les autres. « Assimilationniste » ? N’employons pas les mots qui fâchent. Greco latin ambigu dont une certaine francité ne fût au demeurant jamais mis en défaut.
L’heure de nous même a sonné … c’est clair, rénette ! Nous sommes amj dms mousseau et autres Hadneverbeen … sans le savoir ???
L’heure des syndicats a sonné, ou sont les cochons