Tribune – Chantal Kebail | Analyser et comprendre les blessures psychologiques observées chez les Martiniquais dont les désordres identitaires sont des manifestations qui impactent à la fois l’individu et la société. Chaque vendredi du mois de Mai, la bibliothèque Schoëlcher invite à regarder notre Histoire en organisant des soirées d’échange avec le public. La première rencontre s’est déroulée avec la sociologue Juliette Sméralda sollicitée pour nous proposer une réflexion sur les incidences de ces nominations.
L’émotion introduite par le poète Christophe Rangoli « Papa slam » et son complice Gabriel Cibrélis au balafon était vendredi dernier comme suspendue… Et c’est devant une salle comble, attentive, singulièrement troublée que la conférence s’est ouverte.
Dès le début de la période esclavagiste, l’identité est gommée. Pendant la traversée ou à l’arrivée, un prénom, un surnom ou un sobriquet est attribué à l’esclavagé (Le terme esclavagé préféré à « esclave »): Précision sémantique pour rappeler que les premiers Africains déportés sur les terres de ce qu’on nomme alors « le nouveau monde » ne sont pas issus d’une lignée d’esclaves, ils sont mis en esclavage. Ils emportent avec eux une Histoire millénaire. En Afrique de l’Ouest, principale région des Africains déportés en Martinique, le nom est une mémoire de l’histoire du groupe, le socle fondamental du lien social.
Le décret d’abolition du 27 avril 1848 met fin à l’application du code noir et au statut d’esclaves.
Le 7 mai 1848, une circulaire ministérielle est adressée par François Arago, ministre de la marine et des colonies du gouvernement provisoire, aux commissaires généraux de la République de Martinique, Guadeloupe, la Réunion et Guyane. Elle stipule notamment que l’enregistrement général de la population émancipée devra se faire dans les deux mois du fait des échéances électorales (en précisant que la nomination ne doit pas se faire à partir des familles existant dans la colonie ( sous entendu des familles békés).
Les noms sont attribués dans l’urgence pour obtenir le vote des nouveaux citoyens.
»Une volonté de continuer à émasculer l’Homme à travers le nom »
Le processus de nomination réalisé dans chaque commune a fait l’objet d’une thèse d’histoire en Martinique soutenue par Guillaume Durand..Selon l’auteur, les noms attribués après 1848 étaient des matronymes plutôt que des patronymes. On apprend ainsi que 30% sont des noms français, 27% des surnoms inventés ou injurieux ( Anrétar/ Coucoune /Macabre/ Crétinoir/…), à caractère sexuel: Clitoris, Coquera, Belorgane,/ Anus/ Bite…); 17% des anagrammes ou modification des prénoms (Robert devient Trébor; Martin ( Tamar) ou Moïse (Soïme), Fragile (Flériag… 13% des noms africains (Anelka-Zuma…), pour cette catégorie, 60% ont été attribués à des Africains nés en Afrique et 40% à des Martiniquais. Des noms faisant référence à l’histoire ancienne (Hippocrate, Barabas) ; Noms de fleurs, plantes animaux métiers, outils, métaux.;;( Acajou, ciseau, Boulanger, Lapin…). Noms d’origine espagnole, portugaise, polonaise, allemande, caraïbe, britannique, néerlandaise, flamande, italienne. Il n’y a pas de groupe homogène, la représentation est différenciée au niveau identitaire. Le nom est révélateur des rapports qui existaient entre dominants et dominés. Autre élément, le même nom de famille pouvait être attribué dans plusieurs communes sans qu’il y ait de lien de parenté.
Réfléchir à la complexité de ce que nous sommes
Une étude succincte a montré la souffrance des personnes face aux moqueries que suscitaient leurs noms. De nombreuses familles ont fait appel à la justice pour en changer. Pour la sociologue, avec le nom, on touche à quelque chose de très sensible » Il y a de nombreuses recherches en sciences humaines aujourd’hui mais toujours très peu de travaux sur ce sujet inédit. Interroger ce qui peut apparaître comme de la passivité, donner l’impression d’avoir accepté l’inacceptable.. Nous sommes au 21ème siècle, avec tout le respect qui leur est dû, nous ne sommes plus dans l’état d’esprit de nos aînés. Une déconstruction historique de l’homme martiniquais s’impose afin de procéder à sa reconstruction. Réfléchir à la complexité de ce que nous sommes, cesser de s’inscrire dans des chemins tracés pour nous, suppose des études plus approfondies,dans des domaines de recherches pluridisciplinaires. Une demande de financement d’une enquête à grande échelle a pourtant été refusée par la collectivité « .

Chantal Kebail
« Réfléchir à la complexité de ce que nous sommes »… et nous accepter tels que nous sommes ! Ne pas se laisser aller à se percevoir… à se définir… à se travestir en cet infantilisme ridicule du « Tous créoles ». Un concept qui n’est rien d’autre qu’une manipulation mentale obscurantiste, une stratégie d’entrisme pour infiltrer noyauter et abêtir certains d’entre nous sous le prétexte fallacieux d’une réconciliation qui n’est rien d’autre qu’un leurre… presqu’une insulte à l’intelligence de ceux à qui elle s’adresse… en ce sens qu’il leur est proposé une amnistie… en réalité une amnésie collective pour des crimes dont non seulement ils ne sont aucunement coupables… mais dont de surcroît ils sont les victimes. Une sinistre cynique et épouvantable comédie.
Nous ne sommes plus au point de départ. Dire que la société est complexe renvoie à un manque de connaissance des étapes émotionnelles qui ont façonnées cette Île. Pour comprendre la Martinique, il faut suivre son évolution intérieure. La Martinique est une société rurale à sa base. Il y a 40 ans le centre de Fort de France se vide le dimanche parce que la population voulait se ressourcer le week-end et part à la campagne.
Le gène de la plupart des Martiniquais est scindé en deux avec une partie paysanne et l’autre partie qui évolue vers l’urbanité. Donc l’individu a du mal à se situer et crée un environnement dans une perpétuelle revendication. Ces deux mondes deviennent parfois des barrières, parce que l’un ou l’autre ne veux pas céder. Quels sont les aliments que nous devons privilégier pour nous libérer de nos entrailles ? quand le corps se libère, la pensée suit à son tour et le rapport avec son environnement s’élargit. Nous sommes là aujourd’hui.
j’envie moïse ! ou du moins, cette capacité qu’il a de parler de choses dures, avec autant de douceur … je n’arrive pas car, j’ai vécu ou ai été témoin petit, de choses qui ont fait de moi un écorché vif et chaque jour que dieu fait, j’ai besoin de cultiver cet état d’esprit, comme une forme de carapace !
tous créole est en effet un piège à cons ! une illusion qu’on aura beaucoup de mal à combattre . amj s’en est inspiré pour fabriquer de toutes pièce, son mangé cochon mais, j’ai confiance dans la nature et son fondement basé sur le rétablissement de la justice … seulement, à mon goût, elle prend trop de temps. mais, que faire ??? le syndrome de stockholm de tous créole non béké, ne joue pas en notre faveur …
Et la Martinique toute entière, avec son histoire et son passé pourrait subir le même sort que l’île de Bermeja… que certains comme Magou ou encore Tous créoles n’y trouveraient rien à redire… sauf peut-être et encore que « nous ne sommes plus au point de départ ». Je ne sais pas comment nommer cela… mais ça doit forcément avoir un nom une telle constance dans l’ineptie.
Sortir des poncifs tels que : les gènes des martiniquais sont partagés entre l’urbanité et la paysannerie induisant part ce fait une effervescence revendicative hors du commun a la limite du pathologique…Qu’est ce qu’on doit pas entendre…On croit rêver.
moïse ! il faut donner à césar ce qui est à ses arts parce que, amj m’a permis de comprendre ce peuple, beaucoup plus que quiconque ! … sans les écrits de certains, je m’interdirais de penser que d’aucun pourrait écrire ce que je lis là et qui semble aussi, te décontenancer autant que moi ! avec lui, amj, les gens se dévoilent et on comprend finalement pourquoi sommes nous ainsi assis à la raie du bus de montcuq, à attendre que dieu nous vienne en aide . à sa décharge « de céron », il nous a permis de comprendre qu’il y a toute une frange de la population qui a pour seule mission divine, de nous servir de boulet aux pieds et nous mettre interdiction d’espérer prendre notre envol !…on dit merci qui ??? parce que cette leçon vaut bien un fromage qui pue !
C’est vrai que les gènes de l’urbanité et de la paysannerie c’est douloureux autant à lire qu’à concevoir… même avec un imaginaire débordant de générosité. On devrait certainement trouver ceux de la sottise bien avant ces deux là !
Vous savez Ambroise, on a bien réussi à faire croire pendant près d’un siècle à des millions de français de souche qu’ils étaient descendants de gaulois, donc qu’une poignée de martiniquais très bronzés s’imaginent qu’ils soient tous aussi créoles que les békés qui les mènent par le bout du nez, ça n’a rien d’exceptionnel ni d’extravagant, à bien y réfléchir. Comparativement à la moyenne nationale nous ne sommes pas si mal placé sur le plan de la connerie.
Si vous voulez savoir où se situe la Martinique, il y a d’autres facteurs qui sont lisibles. La plupart des noms des Martiniquais viennent des premiers français qui ont débarqué aux 18e siècle et certains ont repris la route vers l’Amérique du Nord à la Nouvelle France. Si vous venez visiter le Québec, vous allez entendre que le nom de la plupart des Québécois résonnent à la Martinique. Il ne faut pas voir ça négativement; il faut créer des liens avec ces deux peuples pour débattre de cela.
La Martinique doit relever un certains nombre de noms qui correspondent à des familles martiniquaises et les inviter à faire un séjour pour en discuter de leurs apports dans la construction de nos familles aux Antilles. C’est dans ce sens que nous devons avancer vers l’avenir. Consultez les historiens, ils diront la même chose. Il faut que la collectivité organise un colloque sur l’origine des noms des familles martiniquaises et ça ouvrira la porte du tourisme avec le Québec.
C’est une vraie douleur. Je crois que les personnes dont les ancêtres avaient été affublés de ces patronymes insupportables devraient être autorisés à en changer. Voilà une réparation ! Pas seulement en changeant une lettre ou deux. Mais avec les précautions requises en ce qui concerne le choix des nouveaux noms. Certes, c’est une vraie difficulté si, par exemple, pour remplacer un patronyme, les membres d’une même famille devaient choisir des substituts différents. Je proposerais que les enfants prennent le nom du parent qui n’est pas concerné par cette difficulté.
en effet YLM ! parce que si on n’a pas bo fè a comme nom… « je n’ai pas vérifié », on a au moins … bo kal i ! et c’est de notoriété public . mon désir, en terme de subtilité, n’est pas mal non plus ! je préfère encore « cap gwa » que « … « dos mèg » !
Il existe une procédure officielle pour changer de nom Cette procedure suit un protocole bien précis suivant les motifs avancés. Ceci depuis toujours.
N’envenimez pas la situation. L’histoire a été ce qu’elle est et malheureusement, il existe des peuples qui ont été pris aux pièges. Dans tout ce cheminement, il faut ressortir la tête hors de l’eau. Je pense ma proposition est plus louable pour demain. Ce n’est pas la peine de s’entêter à frapper sa tête contre la même barrière. Relisez mon commentaire ci-haut et soyez à l’aise de vous exprimer. Il n’y a pas différence entre le nom qu’on vous a attribué et l’éducation que vous avez reçu pour avoir un diplôme du niveau national. Les diplômes ( le savoir) ne viennent pas d’Afrique. Message pour nos intellectuels. Haïti qui était si réticent à l’égard de la France a été reçu à l’académie Française.
Ne restez pas du côté le plus faible pour vous déployer sur le monde afin de cesser de demander des miettes à l’assemblée nationale. Développez nos richesses permettraient de s’intégrer à la France comme un pôle d’excellence. De grèves minent notre société comme si nos dirigeants nagent dans l’incompétence.