Conseil d’administration, association Tous créoles ! :
L’Association « Tous Créoles ! » apprend, avec tristesse, la nouvelle du décès de Jean BERNABÉ, Professeur émérite des Universités, linguiste de renommée internationale.
Artisan convaincu et infatigable de la promotion de notre langue et de notre culture créoles, initiateur passionné et compétent, chercheur brillant et généreux, essayiste appliqué, la mort l’a libéré de ce solitaire, courageux et douloureux combat que lui imposa la vie.
L’association « Tous Créoles ! » salue en lui avec respect et gratitude une éclairante figure de proue, porteuse de cette créolité à la fois fondatrice, féconde et résiliente, parce que lien et liant dans un monde qui bouge.
Elle salue également l’Ami, dans son objectif permanent d’inscrire la vivante condition créole dans la grande diversité de la condition humaine.
Une mission que avons partagée et qui a éclairé notre route associative.
Nous n’oublierons pas que le professeur Jean BERNABÉ aura été l’un des premiers grands conférenciers de nos assemblées générales, sur le thème « Des arcanes de l’imaginaire colonial aux chemins d’une décolonisation mentale : les enjeux possibles de l’association TOUS CRÉOLES ! ». Un courageux et audacieux pari sur notre vivre-ensemble.
À son épouse, à sa famille, l’Association « Tous Créoles ! » adresse ses condoléances sincères et l’expression de toute sa reconnaissance.
Lamentin, le 12 avril 2017
Le Conseil d’administration
Claude Lise, président de l’assemblée de Martinique :
Je viens d’apprendre avec émotion le décès de Jean BERNABE.
Ecrivain, linguiste de renom, ancien doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université des Antilles et de la Guyane, Jean BERNABE s’est illustré par sa détermination pédagogique et son engagement pour la langue créole, dès les années 80.
Fondateur du GEREC, acteur déterminant dans la création du CAPES Créole, Jean BERNABE, nous laisse en héritage, par ailleurs, une vingtaine d’ouvrages sociolinguistiques.
Il demeurera le meilleur avocat de notre langue-patrimoine à qui il a redonné vie, consistance et vitalité.
La Martinique perd en Jean BERNABE un défenseur permanent de son identité.
Didier Laguerre, Maire de la ville de Fort-de-France :
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de l’éminent Professeur Jean Bernabé.
Je tiens à rendre hommage à ce grand martiniquais qui a marqué l’histoire de la linguistique moderne par ses travaux sur la langue et la culture créole.
Brillant Professeur, reconnu par ses pairs, Jean Bernabé est l’un des artisans de l’introduction du créole comme objet de recherche dans les parcours universitaires.
Il a marqué de son empreinte des générations d’étudiants, d’enseignants et laisse une trace indélébile dans le monde des sciences humaines.
J’adresse mes plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Jean Bernabé, ainsi qu’à la communauté universitaire de Martinique.
Ary Chalus, président du conseil régional de la Guadeloupe :
Ary Chalus, salue la mémoire d’un écrivain de talent, visionnaire et d’un grand théoricien
L’universitaire, écrivain, essayiste, Jean Bernabé s’éteint au moment même où le concours d’agrégation ouvre ses portes au créole.
Le Président de la Région Guadeloupe, Ary Chalus, salue la mémoire d’un écrivain de talent, visionnaire et d’un grand théoricien, auteur de « l’Éloge de la Créolité » aux côtés de Raphaël Confiant et de Patrick Chamoiseau.
Il aura contribué à faire avancer les travaux linguistiques, littéraires et anthropologiques consacrés aux langues et cultures créoles, permettant ainsi la diffusion des valeurs de partage de solidarité et de respect.
Le Président Ary Chalus présente ses sincères condoléances à sa famille et les assure du soutien de la collectivité entière dans cette épreuve douloureuse.
Serge Letchimy, Député de la Martinique :
Serge Letchimy présente ses sincères condoléances à la famille et aux amis de Jean Bernabé . La Martinique a perdu un imminent défenseur de la langue créole , un combattant
Patrick Chamoiseau, écrivain :
APRE NONM LAN
Pour Jean Bernabé
Jan
Man ka wè an gwan lawonn sèbi ek an chay betafé
Man ka tann tout kalté jan tanbou ka dégajé kadans
Ek man ka tann lang-an
Ki ka ouvè, ki ka lévé
Ki ka bat alantou’w
Ki ka djélé osi !
Ou apiyé’y
Ou gloryé’y
Ou bay limyé rasin et lépésè zetwal
Ou viré bay sa‘y ba nou ek ou tyenbé fos la
Saki vayan jodi ka dépozé chapo
Sé a lan men yo ka poté tchè yo
Sé a lan men yo ka balé tout kalté la pousiè
Pou dépozé anba plat pié’w dé kalté bel ti mo
Dé vyé mo a vyé neg
Dé pawol kout dé pawol long
Dé pawol a dousin
Tou sa lang lan za di, tousa i poko di ek tousa i ké di
Oala
Jan
Lawonn lan byen ouvè
Vayans lan an mitan
Tanbou-a o zabwa
Pawol-la ka chaché tousa i pasa di
tousa i pé maré
Apré nonm lan pani
Ek adan kalté lannuit tala sel sèbi a sé wou.
Patrick CHAMOISEAU
12 04 2017
TRADUCTION
APRES CET HOMME
Pour Jean Bernabé
Jean
Je vois une ronde de serbi et une charge de lucioles
J’entends toutes sortes de tambours diffuser des cadences
Et j’entends La langue
Qui s’ouvre, qui s’élève
Qui tourbillonne autour de toi
Qui hurle aussi.
Tu l’as confortée
Tu l’as magnifiée
Tu lui as conféré la lumière des racines, l’épaisseur des étoiles
Tu lui as rendu ce qu’elle nous a donné, et maintenu cette force
Ceux qui valent aujourd’hui enlèvent leur chapeau
Ce sont leurs mains qui leur soutiennent le cœur
Ce sont leurs mains qui balaient la poussière
Pour disposer dessous tes pas de jolis petits mots
De vieux mots à vieux nègres
Des paroles longues des paroles courtes
Des paroles douces
Tout ce que la langue a déjà dit, qu’elle n’a pas encore dit,
et tout ce qu’elle va dire
Maintenant
Jean
La ronde est bien ouverte
La vaillance au milieu
Les tambours aux abois
La parole quête encore ce qu’elle ne peut pas dire
Tout ce qu’elle peut amarrer
Après cet homme il n’y en a pas
Et dans cette sorte de nuit, la seule lumière c’est toi.
https://www.youtube.com/watch?v=lhLkrnH-z2g
Bon voyage, Jean.
Je te salut, voisin, ami, collègue.
Va en paix.
Toutes mes condoléances à M-F, L, et Manu, sa famille, ses amis.
Force et courage dans cette épreuve.
Adieu l’ami, et camarade des années lycée.
JV
Vous pourriez au moins lui dire ça … en créole !
Inutile, Ambroise: s’il en était un capable de parfaitement faire la traduction, c’était bien lui.
Ne troublons pas sa paix en lui imposant de corriger des copies au paradis.