Le film de Steve MacQueen, réalisateur britannique, est exemplaire. Et ni la critique, ni les spectateurs ne s’y trompent : le film réalise des entrées exceptionnelles depuis sa sortie aux Etats-Unis, et se prépare à recueillir les plus grands honneurs de la profession. D’une grande sobriété le film est également servi par un casting réussi.
Il illustre – à travers le périple de ce noir américain libre capturé et vendu comme esclave dans un autre état – les conditions de vie qu’ont connues pendant trois cent ans des dizaines de millions d’esclaves déportés dans les plantations. Arrachés à leur terre d’Afrique, à leurs sociétés, séparés de leurs familles, de leurs enfants, les esclaves étaient plongés dans une atroce culture de la violence et d’une déshumanisation méthodique.
Il donne à voir, avec des images soignées, et avec des moments de vérité parfois difficiles à regarder, l’ambiance de l’époque, et les tortures mentales et physiques infligées aux esclaves.
Il est une nouvelle pierre, indispensable, à la construction d’une mémoire universelle de l’esclavage, crime contre l’humanité encore trop peu montré.
En salle en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique dès ce vendredi 31 janvier.
@francksrr @polpubliques
27/01/14. Ce matin là un animateur radio de la Réunion qui fait gagner des places pour aller voir le film 12 Years a Slave, a parlé d’ « un bon moment de distraction » pour « un film extraordinaire… ». Les mots employés par l’animateur radio sont la preuve que ce film ne pourra pas amener tous les spectateurs à penser avec un profond respect aux victimes de cette injustice. Et à mon humble avis, quelles que soient les intentions de ce film, il ne pourra pas témoigner à un juste niveau des diverses souffrances endurées par les hommes et femmes réduits à l’esclavage (cette expression, Franck mon ami, est plus juste pour désigner ces humains, que le mot « esclave » qui décrit leur condition, pas leur essence). Je n’irai pas voir ce film « magnifique et cruel aux scènes édifiantes » (Le Nouvel Observateur), « Film de la semaine » selon les critiques spectateurs (AlloCiné). Quels sentiments ont conduit à cet engouement ? Un élan d’humanité soudain, feint, conventionnel ? Fin novembre, en remontant la route de Deux-Rives, mon frère et moi avons vu un garçon en sang allongé sur le banc d’un abribus. Nous nous sommes arrêtés et avons appelé les secours. C’était samedi après-midi, et pendant 25 minutes nous avons attendu un peu plus loin pour ne pas gêner la circulation. D’entre les nombreux humains qui sont passés devant l’abribus, parmi lesquels beaucoup de « gens biens », UN seul homme s’est arrêté ! Alors non, ce n’est pas devant un film que le peu d’humanité qui nous reste doit se manifester. Je refuse de prendre part à cet engouement collectif. J’y vois une mascarade. Dans la vraie vie il y a tous les jours des occasions de manifester notre humanité sincère, avec de vraies actions, simples, discrètes. Je m’y attache. Le respect de la mémoire de ceux de mes ancêtres qui ont subit crimes et injustices, se manifeste dans mes choix de vie, dans mon mode de pensée, et dans mes actions. Sans support de référence, sans guide de pensée, sans publicité.
Vous avez raison. Il est plus facile de s’appesantir pour un film qui relate l’inhumanité des humains que d’essayer de vivre un minimum notre humanité
Sans être désobligeant, force est de constater que votre système de pensée est vraiment curieux.
En effet, à partir d’un exemple qui ne représente en rien les reunionnais ni les spectateurs de manière générale, vous en arrivez à une conclusion qui serait la preuve, je vous cites : « que ce film ne pourra pas emmener tous les spectateurs à penser avec un profond respect aux victimes de cette injustice ».
Généraliser la pensée d’autrui à partir d’un exemple non représentatif rend l’ensemble peu convaincant.
Je ne m’attarderai pas sur vos préjugés concernant ce film que vous n’avez pas vu et que vous n’avez pas l’intention de visionner.
Votre avis est peut-être respectacle. Cependant, les éléments que je viens d’évoquer sans parler du faits divers personnel que vous tentez de connecter au film , crée dans votre intervention un défaut de crédibilité.
Avant tout il convient de préciser que je ne cherchais pas et ne chercherai pas à convaincre qui que ce soit. Ensuite, ce n’est pas à partir du « faits divers » que j’ai construit ma pensée. Il y a longtemps que je m’abstiens de regarder les films traitant de crimes et d’injustices commis sur des humains, pour les raisons exposées dans mon premier commentaire. Mais je pensais que se référer au fait qu’un animateur avertit,habitué à peser ses mots à l’antenne puisse utiliser le mot « distraction » en conclusion de sa présentation, permettrait d’illustrer clairement mon propos. Mais ce n’est pas le cas (et ce n’est qu’une demie surprise!). Enfant déjà je me passionnait pour les comportements humains. Votre texte, structure, système et contenu, me fait penser à un commentaire de mes anciens profs, alors soit professeur! Disons que je me trompe. Disons que cet animateur est particulièrement peu éveillé, et que son écart de langage (si vous consentez qu’il y a écart) est isolé. Disons que la grande majorité des humains qui ira voire ce film ira solennellement en respect de la mémoire des humains et ressortira touchée en son fort intérieur. Disons qu’elle prendra conscience grâce à ce film de tout ce que vous voudrez. Disons que tous les films ayant traité du sujet n’ont pas suffit, qu’ils n’ont pas été assez clairs. Disons qu’il fallait ce film ! Disons que les humains qui le verront deviendront de meilleurs humains!
J’ai vu ce film, il est très dur, pour nous qui vivons dans notre chaire les souffrances inhumains qu’ont subit pendant 300ans nos aïeux. Je suis sorti de la salle bouleversé et enragé. Je crois qu’aucun dédommagement financier, qu’aucun arbre planté par Césaire à l’habitation Clément, qu’aucun pardon sans une remise en cause de cet apartheid qui sévit encore en Martinique ne nous feront oublier et pardonner ce crime contre les Noirs.
C’est un excellent film que même M. TAILAME devrait voir et qu’il verra sans doute, une fois apaisé son courroux.
Il contient des passages très durs réalisés avec âme et talent, mais qui ne devraient pas surprendre tous ceux qui ont lu tant soit peu des ouvrages traitant de l’esclavage des Noirs. On peut être bouleversé par ce film sans pour cela exprimer de haine envers des tortionnaires qui ont disparu, qui ne sert donc plus à rien.
Il est souhaitable que soient réalisés d’autres films rapportant des histoires vraies sur la traite des Noirs. Comme le font les Juifs qui ne s’en lassent pas, en ce qui les concerne. Pour tout savoir, pas pour recuire la haine de qui que ce soit.
» Et à mon humble avis, quelles que soient les intentions de ce film, il ne pourra pas témoigner à un juste niveau des diverses souffrances endurées par les hommes et femmes réduits à l’esclavage ». C’est donc par rigueur intellectuelle envers ces humains qui ont tant enduré que je n’irai voir AUCUNE parodie de leur quotidien. Pas par « courroux » ! Tristesse, Respect profond, Détermination, oui. Haine, Courroux non.
On peut être bouleversé par ce film sans pour cela exprimer de haine envers des tortionnaires qui ont disparu
pas d’accord, mais alors pas d’accord du tout!!
Oui, les sentiments à l’égard des « tortionnaires qui ont disparu » doivent être du dégout, de la haine.
je revendique cela non pas en tant que nègre, que descendant des esclaves mais en tant que simple HUMAIN
alors, quel autre sentiment peut on avoir à l’égard des nazis?
Haine: La haine est une hostilité très profonde, une exécration et une aversion intenses envers quelqu’un ou quelque chose
On peut aussi être bouleversé jusqu’à l’obsession par les évènements de chalvet sans pour cela exprimer de haine envers la lutte des ouvriers agricoles et ses MARTYRS qui ont disparu.
J’espère que les chroniqueurs mal zorey qui revisitent les évènements de février 74 chaque année auront la décence de LA FERMER après l’excellent film de Camille M., que même M. QUES ACO ou son aka (démasqué par la riya) devrait voir et qu’il verra sans doute, une fois apaisé son traumatisme bleu blan rouj.
C’est pour cela qu’il faut dire comme Ben Gurion, « La haine oui, mais réparations aussi » Il avait raison. Si Israël est aujourd’hui un des pays les plus favorisés économiquement du monde c’est grâce à l’accord de réparation arrêté contre l’Allemagne de l’Ouest en 1953. Selon cet accord, l’Allemagne de l’Ouest devait payer Israël pour le « travail esclaves et la persécution des Juifs pendant l’Holocauste. » En 1956, cette réparation comprenait déjà 87% des revenues d’Israël. Si la haine est obligatoire; la réparation est une nécessité.
a voir imperativement!!!!!!!!!!